Les Wagasa, littéralement, parapluies japonais 和傘, sont des ombrelles traditionnelles faites de papier washi et de bambou. Un symbole de tradition japonaise pour les Occidentaux et un synonyme de kabuki (théâtre japonais) et tenues de cérémonie pour les Japonais. Découvrez son origine, les différents types de wagasa et leurs usages aujourd’hui.
Origine des Wagasa
Les ombrelles en papier auraient vu le jour en Thaïlande et au Vietnam avant d’arriver en Chine. Plus tard, elles furent introduites au Japon par la dynastie Tang au début de la période Heian (794-1185).
Un signe de classe sociale élevée
En Chine, tout comme au Japon par la suite, il était commun de penser que ces ombrelles avaient aussi bien un pouvoir mystique que pratique. En plus de protéger contre les rayons du soleil, on croyait également qu’elles pouvaient repousser les mauvais esprits.
Posséder un wagasa était un luxe réservé aux personnes de rangs sociaux élevés : les membres de la famille impériale ou aux aristocrates.
Ce n’est qu’à l’époque Azuchi Momoyama (1574-1600) que les wagasa furent améliorés pour devenir de véritables parapluies. L’imperméabilité fut atteinte en ajoutant une couche d’huile pour recouvrir le papier et le rendre ainsi étanche. C’est aussi à cette époque qu’une technique a été inventée pour pouvoir fermer les wagasa en les repliant sur eux-mêmes comme nos parapluies modernes. Avant cela, ils demeuraient en position ouverte.
La période Edo, théâtre Kabuki et accessoire de mode
C’est à la période Edo (1603-1867) que l’utilisation des wagasa s’est étendue au reste de la population japonaise. Des estampes japonaises Ukiyo-e de la période Edo montrent ainsi des citadins tenant des wagasa qui étaient devenus un objet du quotidien.
Dans le milieu du théâtre Kabuki, les wagasa furent également utilisés comme une pièce de costume pour les acteurs.
Un accessoire de mode
La popularité des wagasa fut telle qu’ils gagnèrent rapidement le statut d’accessoire de mode. Les nombreuses couleurs et motifs différents disponibles permettant d’agrémenter sa silhouette d’une touche élégante.
De nos jours, devenu désuet, il est rare d’en trouver un dans un foyer japonais. Cependant, il demeure un accessoire incontournable lors de célébrations où l’on revêt un kimono traditionnel.
Les trois types de Wagasa
Bangasa
Le bangasa était le parapluie du quotidien. Il s’agit d’ombrelles résistantes, larges et lourdes et avec un motif simple et uni. La lourdeur vient du fait que le bambou du manche et le papier washi sont plus épais.
De nos jours, vous le trouverez comme accessoire dans les locations de kimono.
Janome-gasa
Le Janome-gasa (œil de serpent) était utilisé par les acteurs du théâtre Kabuki sur scène à la fin du 17e siècle. Le nom vient du motif en cercle qui ressemble à un œil de serpent.
Le serpent est considéré comme un messager des dieux et un symbole de protection au Japon. On pensait donc que le janome-gasa pouvait repousser les mauvais esprits. Cette ombrelle a été inventée comme une alternative plus légère au bangasa et a vite gagné en popularité auprès des femmes.
C’est ce type d’ombrelle que vous trouverez aux mains des geiko et geisha de Kyoto. Le Janome-gasa est ainsi un souvenir populaire du Japon car il peut sublimer une pièce en tant qu’objet de décoration.
Le higasa
Le parasol traditionnel. Attention, le mot hi-gasa fait également référence aux parasols modernes imperméables, mais les hi-gasa en papier ne sont pas waterproof et ne peuvent donc pas être utilisés sous la pluie.
Ceux-là diffusent et protègent légèrement contre les rayons du soleil. De nos jours, ils offrent de magnifiques jeux de lumière comme des lanternes dans les temples lors de fêtes.
Deux marques ancestrales à Kyoto
Il n’y aurait plus que 10 fabricants de wagasa au Japon, dont deux à Kyoto : Hiyoshiya, une institution artisanale débutée il y a 170 ans et Tsujikura, il y a 300 ans.
Lorsque le gérant de Hiyoshiya évoque les kyo-wagasa (ombrelles faites à Kyoto) il le fait de manière poétique. « Lorsqu’on ouvre une belle ombrelle, on dit que la fleur de l’ombrelle est éclose, dit-il, les caractéristiques des matériaux naturels utilisés pour les parapluies japonais traditionnels, la texture du bambou et la lumière filtrant à travers le papier washi japonais composent une beauté simple et raffinée qui fait partie de l’esthétique japonaise. »
La maison Tsujikura a quant à elle été établie en 1690. Plus de 300 ans d’histoire, ce qui est fait le plus ancien atelier de fabrication des wagasa du Japon. Kinoshita Motohiro, à la tête de Tsujikura dit vouloir : « Transmettre la beauté de wagasa aux générations futures tout en préservant les traditions et la culture. Voir une geiko ou une maiko tenant un wagasa alors qu’elles se promènent dans les charmantes rues de Kyoto est l’une des scènes qui symbolisent l’attrait unique de l’ancienne capitale. »
Les Wagasa représentent ainsi un emblème d’un temps passé, un vestige d’un Japon que l’on ne veut pas oublier. Que ce soit en tant qu’accessoire d’un kimono loué pour une célébration, ou une geisha qui en fait usage lors de son travail ou encore en objet de décoration dans un restaurant de luxe, le wagasa continue sa longue histoire à travers la transmission des traditions.
Un commentaire
Excellent article. Je ne devrais pas l’admettre mais c’est la première fois que je me rends compte que les parapluies n’ont pas toujours était pliables…🫠