vendredi 26 juillet | 10:39

Osechi ryōri : repas traditionnel du nouvel an japonais.

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S’il n’en est rien pour Noël au Japon, le nouvel an « shogatsu » est une fête de famille où tout le monde est convié pour déguster ensemble le Osechi ryōri .

L’ère Heian (794 – 1185) est une période où les pratiques religieuses étaient très présentes au Japon. Lorsque le Nouvel An arrivait, les Japonais pensaient que le dieu du Nouvel An, Toshigami, viendrait leur rendre visite. Alors pour s’attirer ses bonnes grâces il fallait faire en signe d’offrande : le « Nenmatsu no Osoji » (Ménage de fin d’année).

Comme il était interdit d’utiliser l’âtre et de cuisiner durant les trois premiers jours de l’année, on préparait des sortes de bento spécifiques à l’approche du nouvel an pour respecter la tradition et partager son repas avec la divinité. Allant même jusqu’à utiliser des baguettes arrondies des deux côtés afin de nourrir l’être humain et la divinité après lui avoir présenté l’Osechi sur un autel.

Crédit photo @mai_216

Aujourd’hui bien qu’elle ait beaucoup changé, cette coutume perdure mais la connotation religieuse s’est estompée. Et l’on peut trouver des Osechi tout prêts dans les supermarchés, les konbini, ou on peut même se les faire livrer à domicile. Ainsi la famille est réunie pour le nouvel an et peut passer du temps ensemble et non pas en cuisine.

Le Osechi ryōri est donc un plat très codifié. Traditionnellement il est présenté dans des boites à étages carrées ou rectangulaires en bois laqué comme des boîtes à Bento luxueuses : le « jubako »


À trois ou cinq étages, elles sont empilées de haut en bas :

• ichi-no-jū, composé de mets pour accompagner le saké,
• ni-no-jū, avec des plats grillés (yakimono) et marinés (sunomono),
• san-no-jū, contenant des plats cuisinés avec des aliments venant de la mer et de la montagne,
• yo-no-jū, composé de plats mijotés,
• go-no-jū, laissé vide, afin que le bonheur puisse y venir.

Crédit photo @kokoronotane

Pendant Heian, les Osechi étaient surtout constitués de « Nimono », des légumes bouillis dans du Mirin, du sucre ou de la sauce soja pour une meilleure conservation. Avec le temps les ingrédients se sont diversifiés mais chacun a gardé sa signification symbolique et/ou religieuse :

Daidai : orange amère japonaise. Comme kazunoko ci-dessous, il symbolise un désir d’avoir un enfant durant la nouvelle année.
Renkon : racines de Lotus. Avec ses trous, elles permettraient de regarder dans le futur.
Tataki gobō : racines de bardane cuisinées avec du vinaigre sanbaizu et du sésame. On frappe le gobô afin de bien l’assaisonner. Le fait de frapper la racine permet un peu de l’ouvrir. Ce mot “ouvrir” inspire aux Japonais l’idée d’avoir de la chance.
Kohaku-namasu littéralement « légume rouge et blanc » (kuai) : fait de daikon et de carottes coupés en fines tranches et conservés dans du vinaigre au yuzu et présenté dans la pelure du yuzu. De par ses couleurs il symbolise les mêmes choses que le kamaboko ci-dessus.
Kuri kinton : châtaignes confites servies avec une pâte de patate douce dont la couleur dorée représente la richesse qu’on espère.
Kuro-mame soja noir : mame signifie aussi « santé », et symbolise le vœu de bonne santé.
Nishime : plat mijoté avec de nombreux légumes dans un bouillon dashi, assaisonné avec de la sauce soja et du sucre.
Konbu : une algue généralement mangée avec du poisson à l’intérieur et souvent associé au mot « Yorokobu » (être heureux). Le konbu est censé apporter le bonheur.
Ebi : des brochettes de crevettes cuites dans du saké et de la sauce soja. Avec leurs moustaches et leur forme courbée, elles représentent les « veilles personnes » et sont donc un signe de longévité.
Ise Ebi : langoustes japonaises, donnera un début d’année plein de richesses
Kuruma Ebi : crevettes tigrées, pour avoir un ménage « régulier ».
Kazunoko : œufs de hareng – kazu signifie « nombre » et ko signifie « enfant ». Il symbolise le désir d’avoir de nombreux enfants pendant la nouvelle année .
Kamaboko : un gâteau de poisson grillé. Traditionnellement, des tranches de kamaboko blanches et rouges sont disposées en rang et en alternance et forment un motif. La couleur rouge représente une amulette pour se défendre des démons et le blanc signifie la pureté, et elles rappellent aussi le drapeau national.
Datemaki : omelette sucrée mélangée avec de la pâte de poisson et des crevettes en purée. Cela symbolise le souhait de connaître de nombreux jours fastes et la volonté d’apprendre.
Nishiki tamago : roulade d’œuf. Le blanc et le jaune sont séparés avant cuisson, le jaune symbolisant l’or et le blanc l’argent ;
Tai : La daurade tai est associé au mot japonais « medetai » et symbolise une opportunité porteuse de chance.
Yakizakana : poisson grillé, il est consommé afin de souhaiter de la réussite dans sa carrière.
Tazukuri : des sardines cuites dans la sauce soja : la traduction littérale de tazukuri est « fabricant de riz complet », car le poisson était utilisé pour fertiliser les rizières. Ce plat symbolise une récolte abondante .
Ces dernières années l’Osechi ryōri revient en force sur les réseaux sociaux, il faut dire que son esthétisme se prête délicieusement à régaler nos pupilles… avant nos papilles.

A propos de l'auteur

Hello, je suis Kyalolu: rédactrice cuisine japonaise. Tombée dans la culture japonaise quand j’étais petite, je partage avec vous ma passion pour ce beau pays aux travers de sa gastronomie. Itadakimasu! ^_^

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