« Ceci est l’été le plus frais du reste de votre vie. »
Vous avez sûrement déjà entendu cette phrase. Vous l’avez peut-être trouvée inquiétante… ou au contraire, trop dramatique ? Possible. Mais si vous vivez au Japon, vous savez qu’elle n’est pas si loin de la réalité.
Chaque été au Japon semble plus étouffant que le précédent. La saison des pluies disparaît, au profit d’une chaleur humide et insoutenable qui s’étire de juin à octobre. L’automne et le printemps ne sont que des passages éclairs coincés entre un hiver doux et un été qui s’apparente plus à une séance de hammam sans l’attrait du maillot et du saut dans la piscine.
Si vous transpirez d’endroits dont vous n’auriez jamais imaginé suer un jour (les paupières, sérieusement ?) Rassurez-vous, le Japon regorge d’innovations. Je vous présente 5 inventions japonaises pour survivre à l’été et ne pas finir en flaque de sueur !

L’été au Japon VS France
Mourir de froid, on connaît tous le danger des températures basses. Mais si la canicule de 2003 nous a appris que l’on pouvait mourir de chaud, le danger du coup de chaleur (hyperthermie) reste méconnu.
En France, l’été est chaud et sec, ponctué de pics de chaleur (la fameuse canicule) qui peuvent durer plusieurs jours. Pendant ces périodes, la température ne descend pas assez la nuit pour permettre au corps de récupérer.
Rappel : Une vraie canicule correspond à des températures de 33-35°C le jour et 20°C ou plus la nuit, pendant au moins trois jours consécutifs (ces seuils varient d’ailleurs entre les régions).
Cependant, même en période de canicule, la transpiration peut encore s’évaporer car l’air reste sec. Le vrai danger réside dans la déshydratation lorsque la canicule se prolonge.
Au Japon, l’été est tropical : très chaud et très humide (70-90%) et c’est une “canicule” permanente (officiellement chaleur extrême) de juin à mi octobre (dans la région du Kansai, par exemple). Les températures ne baissent jamais et oscillent entre 25–28°C la nuit, et 33-37°C le jour pendant 4 mois.

25–28°C la nuit, et 33-37°C le jour pendant 4 mois au Japon. La détresse.
L’humidité ambiante empêche la transpiration de s’évaporer et donc on continue de transpirer abondamment sans pouvoir rafraîchir le corps. On perd ainsi beaucoup de sel (électrolytes) nécessaire au bon fonctionnement de notre corps.
Résultat : ce dernier lutte en permanence pour ne pas surchauffer. Le coup de chaleur (熱中症, nechusho) y est particulièrement redoutable.
De plus, le Japon est plus proche de l’équateur, ce qui signifie un indice UV bien plus fort et dangereux qu’en France.
En bref, les étés Japonais ne sont pas seulement inconfortables, ils sont dangereux.
Chaque sortie vous fait sentir que votre vie est en jeu. La surchauffe, les difficultés à respirer dans cette vapeur ambiante, le soleil qui brûle littéralement la peau au bout de 10 minutes, le corps qui se liquéfie : vous vous demandez si vous allez pouvoir rentrer chez vous avant de vous effondrer.
D’ici 2030, on peut s’attendre à une humidité en hausse la nuit, ce qui pourrait entraîner une augmentation des coups de chaleur la nuit.

D’ici 2030, on peut s’attendre à une humidité en hausse la nuit
De l’épuisement dû à la chaleur au dangereux coup de chaleur
Le coup de chaleur porte mal son nom. Il s’apparente plus à un type d’AVC que d’un simple malaise. D’ailleurs son nom anglophone met la puce à l’oreille : heat stroke ( a stroke en anglais étant notre AVC, autrement dit, un AVC causé par la chaleur).
C’est un terme souvent mal utilisé et surtout confondu avec son stage précurseur : l’épuisement dû à la chaleur. Peu connu en France, où le danger réside plutôt sur une hydratation insuffisante et non sur une surchauffe du corps et du cerveau.
En France, en effet, la chaleur et ses dangers sont étroitement liés à la déshydratation pendant la canicule. C’est pourquoi on rappelle aux personnes âgées qui perdent les signaux de soif, de boire de l’eau à intervalle régulier.
Au Japon, même bien hydraté, la chaleur humide bloque la transpiration : le corps surchauffe et le coup de chaleur (nechucho) devient un vrai risque.
Comme un AVC, le nechucho présente des signaux d’alertes qui peuvent sauver la vie. Il est ainsi primordial de bien les reconnaître.
Stage 1 : le stress thermique
- Symptômes :
On a chaud, on est mal à l’aise, on transpire, on a soif et on est fatigué.
- Que faire :
Aller à l’ombre ou au frais. Boire de l’eau ou des électrolytes (aquarius, pocari sweat si vous êtes au Japon). Éviter les boissons diurétiques (alcool, café, thé…).

Crédit photo town.ashiya.lg.jp
Stage 2. L’épuisement dû à la chaleur
- Symptômes :
Transpiration abondante, peau moite. Tête qui tourne, maux de tête, nausée/vomissement. Pouls rapide ou faible. La température du corps peut monter à 40°C.
- Que faire :
Aller à l’ombre, au frais où l’air est climatisé. Boire des boissons fraîches contenant des électrolytes (passer à OS-1, plus efficace, si vous êtes au Japon). Appliquer une serviette mouillée sur la nuque ou prendre une douche si possible. Si les symptômes s’aggravent, aller aux urgences.
3. Le coup de chaleur (nechucho) urgence médicale
- Symptômes :
Température de plus de 40°C, confusion, agitation, perte de conscience. La peau peut être chaude et sèche (on ne transpire plus). Pouls rapide et fort.
- Que faire :
URGENCES immédiatement.
En attendant les urgences, immerger dans l’eau fraîche si à la maison. Si on se trouve en extérieur : appliquer des poches de glace sur la nuque et les aisselles.

Le coup de chaleur est alors extrêmement dangereux : lors de l’apparition des symptômes du coup de chaleur/nechucho, la mort ou les séquelles irréversibles peuvent arriver dans les 30 minutes sans intervention.
Entre mai et septembre 2021, c’est 47 877 personnes qui ont été hospitalisées au Japon en raison d’un coup de chaleur (données publiées par l’Agence de gestion des incendies et des catastrophes). 81 % des cas surviennent à l’intérieur.
Le nechucho la nuit
Au Japon, les conditions les plus propices au nechucho sont surprenantes. On imagine que les travailleurs en extérieur sur les chantiers qui passent leurs journées sous le soleil sont les plus en danger mais la réalité est une mort silencieuse la nuit.
Sans allumer la climatisation par souci d’argent, les personnes âgées au Japon perdent la vie la nuit.

Sans allumer la climatisation par souci d’argent, les personnes âgées au Japon perdent la vie la nuit.
Voilà pourquoi ces gadgets font réellement partie d’un kit de survie !
5 gadgets cool tech pour survivre à l’été
Le Japon est l’un des pays les plus innovants et soucieux du confort. Des emballages faciles à ouvrir aux infrastructures pensées pour la commodité du quotidien, la vie y est largement facilitée grâce à leurs inventions.
1. Vestes avec ventilateurs intégrés

Cette invention surprend beaucoup de touristes. Les vestes ventilateurs sont surtout portées par les travailleurs de chantier ou toute personne travaillant en extérieur durant l’été.
On en trouve dans divers styles, sans manches ou manches longues. Elles sont équipées de petits ventilateurs intégrés qui soufflent de l’air sur le corps, favorisant l’évaporation de la transpiration (souvenez-vous, c’est justement ce processus qui est rendu difficile par l’humidité ambiante au Japon), ce qui peut abaisser la température corporelle.
Il existe plusieurs modèles : certains avec des blocs réfrigérants pour une sensation de fraîcheur accrue, d’autres capables de souffler un vent puissant grâce à des ventilateurs à grande vitesse, et certains équipés de batteries longue durée.

Elles sont vendues dans des magasins spécialisés pour des prix allant de 12 000 yens à 30 000 yens.
Pour l’instant, elles restent “réservées” (en raison de leur image surtout) aux travailleurs, mais je pense que dans le futur, elles deviendront indispensables pour tous.
2. Collier rafraîchissant

Crédit suo.co.jp
Un petit nouveau qui a explosé d’un coup en 2024.
Les colliers rafraîchissants se conservent au réfrigérateur et permettent de refroidir la nuque, ce qui aide à faire baisser la température corporelle.
Le modèle le plus courant maintient une température de 28 °C pendant 1 à 2 heures. Les modèles plus chers et plus performants proposent quant à eux une température de 18 à 24 °C.
On en trouve facilement dans tous les magasins (Muji, Daiso, Tokyu Hands, supermarchés…) avec des prix allant de 500 à 4000 yens.
Le souci ? Une énorme variation de qualité. Chaque enseigne propose sa version, et il est difficile de savoir quel produit sera vraiment efficace.

Chaque enseigne propose sa version
L’année dernière, lors du premier boom de popularité, j’avais hésité à en acheter car je doutais de leur réelle efficacité.
Cette année (2025), j’ai rejoint la foule d’acheteurs et j’ai choisi un modèle à 790 yens chez Tokyu Hands. La sensation de fraîcheur est réelle, mais elle ne suffit pas à se sentir “au frais” lors des sorties dans la chaleur dangereuse.
À la maison par contre, le collier est plutôt agréable et rafraîchissant. Mais ne vous attendez pas à un effet “glaçon” qui dure vraiment deux heures.

Suo ring plus 18°. Crédit suo.co.jp
Honnêtement, je pense qu’il vaut mieux investir dans un modèle plus performant comme le SUO Ring 18°C (environ 3500 yens), que j’ai pu tester en boutique et qui offrait un vrai effet froid de longue durée.
3. Serviette rafraîchissante (-3 °C Biore Cooling Towel)

Serviette rafraîchissante. Crédit Biore
Un classique.
On les trouve facilement chaque été dès les premiers rayons de soleil d’avril.
Beaucoup de japonais m’ont recommandé ce produit considéré comme miraculeux : des serviettes imbibées d’eau et de menthe pour un effet rafraîchissant extrême ! La promesse ? Une sensation de -3°C pendant 1h !

Honnêtement, j’ai surtout ressenti une sensation de brûlure due à la menthe.
Niveau déchets, ce n’est pas terrible non plus. Chaque paquet de 580 yen contient cinq serviettes jetables qui finissent malheureusement à la poubelle.
Je vous conseille plutôt le collier rafraîchissant mentionné plus haut, plus durable et efficace selon moi.
4. Les patchs rafraîchissants pour la nuque et le front (冷却シート)

Crédit OS-1
Un autre classique des pharmacies, détourné pour une utilisation estivale.
Il s’agit de patchs rafraîchissants à base de menthol (vous remarquez un thème ?) adorés des parents pour leurs enfants, mais aussi par les adultes, en cas de fièvre. On les colle généralement sur le front pour soulager les maux de tête et faire baisser la température.

En été, ils sont plutôt appliqués sur la nuque pour un effet frais immédiat. Moins fort que la serviette – 3°C, je trouve qu’ils fonctionnent bien. Le seul bémol : si la transpiration est abondante, le patch risque de se décoller.
5. OS-1 boisson de réhydratation

Crédit OS-1
Ce dernier produit n’est pas un gadget, mais c’est probablement celui qui vous sauvera vraiment en cas de déshydratation causée à la chaleur. OS-1 est une boisson de réhydratation orale de grade médical, développée selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
OS-1 contient 1,5 g de sel pour 500 ml (autant qu’une soupe miso ou 40 g de beurre demi-sel), et une forte concentration en électrolytes, ce qui lui permet de réhydrater efficacement le corps. Elle contient aussi du sucre pour favoriser l’absorption de sel dans le corps. (Il a été prouvé que le taux d’absorption intestinale est le plus efficace lorsque le rapport sodium/glucose est de 1:1 à 1:2).
Cette boisson est d’ailleurs classée en tant qu’aliment à usage médical par la Consumer Affairs Agency du Japon.
Ingrédients : Glucose (fabriqué au Japon), fructose, sel/acide citrique (sodium), chlorure de potassium, phosphate de sodium, chlorure de magnésium, édulcorant (sucralose), arôme
Le réchauffement climatique amènera des étés de plus en plus chauds et humides, c’est une fatalité. Mais je suis certaine que le Japon, avec ses inventions pratiques et ingénieuses, continuera d’imaginer des solutions pour rendre la vie estivale de ses habitants plus agréable. La seule question est : qui perdra cette course contre la montre climatique ?
Sources
https://www.daiichisankyo-hc.co.jp/health/symptom/31_nettyusyo/index2.html
https://www.os-1.jp/about/absorptionspeed/
Un commentaire
Je veux une veste ventilateur