Le lundi 9 janvier 2023 au Japon s’est déroulée la Seijin Shiki (成人式) : une cérémonie célébrant le passage à l’âge adulte pour tous les Japonais ayant atteint l’âge de 20 ans l’année précédente. (Techniquement, 18 ans depuis 2022 mais nous y reviendrons un peu plus loin). Une fête importante qui se prépare longtemps à l’avance pour pouvoir arborer les magnifiques kimonos traditionnels appelés Furisode.
Origine de la fête
Le fait de célébrer le passage à l’âge adulte puise son origine à l’époque Heian. À cette époque, il existait un rituel appelé binsogi 鬢曽木 pour les jeunes femmes de famille noble atteignant l’âge de 16 ans. Il s’agissait de couper les cheveux recouvrant les oreilles durant une cérémonie de passage à l’âge adulte. Cette fameuse coupe est devenue connue sous le nom de hime cut coupe princesse (voir article : la hime cut)
C’est après la Seconde Guerre Mondiale que l’âge a été repoussé à 20 ans. L’origine de la fête telle que l’on la connaît aujourd’hui date ainsi de 1946 lors de la Seinen Matsuri à Saitama, lorsque des jeunes se sont rassemblés pour célébrer leur majorité. La cérémonie a ensuite atteint le reste du pays et le 15 janvier 1949 a été proclamé la Seijin no hi ou la journée des majeurs au niveau national. La date changera pour le deuxième lundi de janvier plus tard dans les années 2000. Le dernier changement en date est la décision de changer l’âge de la majorité à 18 ans depuis l’année 2022.
Le jour de la cérémonie est un jour férié pour que les familles puissent profiter de la fête et vous verrez ainsi passer dans les rues de jeunes Japonais habillés de magnifiques habits traditionnels.
Le Kimono Furisode
Parmi tous les différents styles de kimono (tomesode, tsukesage etc..) Pourquoi les jeunes femmes portent-elles le Furisode lors de la Seijin Shiki ? La réponse est simple : cette fête est considérée comme une cérémonie très prestigieuse, il est donc coutume de porter sa tenue traditionnelle la plus adéquate. Le choix du Furisode aux manches longues est une évidence car c’est le kimono formel des jeunes femmes non mariées.
La question pour les Japonaises est ensuite de savoir si le Furisode sera acheté, loué ou emprunté à la mère pour devenir le mama furisode ou mamafuri. C’est là que la préparation à l’avance devient cruciale ! La durée moyenne est de 2 ans pour s’assurer d’avoir un kimono prêt pour l’occasion. Si votre choix s’est porté sur le mamafuri, celui-ci aura peut-être besoin d’être nettoyé, retouché ou recoloré ! Cela prendra beaucoup de temps. L’option de la location offre alors une tranquillité d’esprit car la boutique s’occupe de tout.
La location du Furisode : un pack tout en 1
La durée recommandée est de 2 ans car les réservations vont vite si vous choisissez de louer votre kimono. De nombreuses clientes préfèrent ainsi valider leur choix avant l’année extrêmement chargée de fin d’études.
Le prix de la réservation est élevé : 250 000 yen (1766 euros) mais il comprend :
- Le Furisode
- Les accessoires (ceinture obi, sandales geta, sac)
- Coiffure
- Maquillage
- La séance photo souvenir
Pour un Furisode neuf il faudra compter entre 300 000 et 400 000 yen (2100 à 2800 euros) avec un Furisode de luxe qui peut monter à 1 million de yen (7000 euros).
Pour la cérémonie de l’année prochaine en janvier 2024 par exemple, les kimonos doivent être choisis au plus tard au printemps 2023 et la pré-séance photo se terminera en juin 2023.
L’étoffe blanche
La tenue ne serait pas complète sans une deuxième pièce maîtresse portée quasi uniquement lors de la Seijin Shiki : l’écharpe de fourrure blanche. Iconique.
Son utilité première est de se protéger du froid de janvier car le col du kimono porté bas laisse une partie du cou à nu. Mais elle représente également un moyen de se démarquer, de montrer à tout le monde que l’on appartient à ce groupe précis pour la journée.
Évolution de la tenue
Les modes qui passent ont une influence sur le style des kimonos et des coiffures qui évoluent eux aussi au fil des époques. Le kimono Furisode n’est pas une exception à la règle mais l’avantage est que la forme et la silhouette restent les mêmes. Quant aux changements de couleurs ou de motifs, ils ne sont pas aussi importants que ceux des vêtements occidentaux et risquent moins de se démoder.
À l’époque Showa (1926-1989), les Furisode sont simples et sobres. Les coiffures sont des chignons très serrés avec un volume sur le dessus.
Les années 2000 et la montée en puissance des gyaru (cf article : Les loose socks font leur come back) ont donné lieu à des kimonos de couleurs flashy et des coiffures au volume intense !
De nos jours, l’accent est mis sur de jolis accessoires de cheveux et les couleurs les plus populaires sont le rouge et le rose.
La Seijin Shiki continuera sûrement d’évoluer dans les prochaines années. On se demande pourquoi nous n’avons pas nous aussi une cérémonie pour fêter notre passage à la majorité à nos 18 ans !
3 commentaires
L’histoire de la Seijin Shiki est fascinante ! 🧐
Merci 🤩
Ce rituel est passionnant et en effet!
Très intéressant ce rite de passage, mais je ne peux m’empêcher de penser à ces jeunes filles qui n’ont ni les moyens d’en acheter ni d’en louer. Est-ce que le fait de porter le mama furisode est mal vu?