Les lentilles de contact de couleur, appelées kara-kon (kara = color/ kontacto = contact) en japonais sont une banalité ici, au Japon. On les considère simplement comme un moyen d’agrandir ses yeux, au même titre qu’un mascara, par exemple. En ajoutant une lentille qui va rendre l’iris plus large, on se sent plus belle. Toutefois, les kara-kon, si convoités par les femmes, sont interdits dans les écoles et difficilement acceptés sur le lieu de travail. Découvrez le guide des kara-kon, leurs nombreux types, et comment les jeunes adolescentes contournent leur interdiction.
Le premier boom des kara-kon :
les gyarus des années 2000
Si on remonte dans le passé, on constate que les kara-kon étaient plutôt réservés aux gyaru. (Pour en savoir plus sur les gyaru, je vous conseille de lire notre article). Au Japon, le premier boom des kara-kon date en effet de la fin des années 1990 et du début des années 2000. Le style dominant était basé sur le look californien : cheveux blonds, teint hâlé et yeux clairs. Les gyarus portaient donc des kara-kon pour changer la couleur de leurs yeux. Les couleurs populaires étaient le gris et le bleu.
À la fin des années 2000, les lentilles de couleur sont tellement populaires qu’on les trouvent facilement partout. Trop facilement d’ailleurs, car des revendeurs non autorisés en profitent pour vendre des produits non contrôlés à bas prix. Ces lentilles bon marché causent de sérieux problèmes oculaires, allant jusqu’à la cécité dans les cas les plus graves. En 2008, le ministère de la santé japonais tire la sonnette d’alarme et tente de résoudre le problème en contrôlant plus strictement la vente de lentilles de couleur. L’année suivante, les kara-kon sont classés en tant que matériel médical. Cependant, cette loi ne concerne que les modèles offrant une correction de vue. Les modèles sans correction restent dans la catégorie des accessoires de mode et ne sont donc pas contrôlés. On les trouve dans les magasins de cosmétiques ou sur internet.
Petite anecdote : cette semaine, j’ai vu une jeune fille mettre ses kara-kon en plein voyage dans un train après avoir fini de se maquiller. La preuve qu’ils sont vraiment considérés comme une forme de maquillage, sans se soucier du risque réel des infections oculaires. Le grave problème, en effet, est qu’elle a mis ses kara-kon sur ses yeux sans se laver les mains, dans un train sans aucun doute plein de bactéries.
Je vous rappelle qu’il est primordial de ne surtout pas oublier les gestes d’hygiène lorsque vous manipulez des lentilles. Les lentilles si banales de nos jour, restent un corps étranger qui recouvre votre œil. Les quelques lignes précédentes vous rappellent les dangers d’une mauvaise utilisation des kara-kon.
Le second boom :
les lentilles au rendu naturel
Pendant longtemps les lentilles de couleur ont souffert d’une mauvaise image, un peu vulgaire, car pour de nombreux Japonais, les kara-kon étaient réservés aux gyarus. Cela a changé au cours de cette dernière décennie grâce au développement de différents modèles de lentilles plus naturelles, qui seront rapidement adoptés par de nombreuses adolescentes et jeunes femmes. L’image est plus douce et le but n’est plus d’avoir l’air d’une blonde californienne, mais d’agrandir ses yeux pour booster sa confiance en soi.
Les critères de beauté au Japon sont sévères, notamment au niveau des yeux. Par exemple, les yeux qui ont une double paupière, qui ont un ratio blanc/iris (la partie de couleur) égal, ou encore qui n’ont pas de blanc des yeux visible sous l’iris sont considérés comme de beaux yeux.
D’après un sondage daté d’avril 2020, 41.8% des Japonaises de la tranche d’âge 20-35 ans utilisent des lentilles de couleur, dont 31.2% tous les jours.
Les raisons données sont :
- l’homogénéité des yeux japonais qui sont soit marrons foncés ou noirs. Pour elles, c’est une façon de se démarquer, au même titre qu’une teinture de cheveux.
- La mode : les lentilles deviennent un accessoire tendance.
De nos jours, la mode est aux lentilles de contact plus naturelles et presque imperceptibles. Elles ont l’avantage de pouvoir être portées en toute occasion, au travail ou à l’école (des lieux où les kara-kon sont souvent interdits) en toute discrétion.
Comment choisir les kara-kon
Je vous recommande vivement de vous rendre au préalable chez un ophtalmologiste afin d’obtenir une prescription correcte pour vos yeux avant d’acheter des kara-kon au Japon.
Le DIA
Le DIA, inscrit sur la boîte de lentilles, correspond au diamètre. Un DIA plus large couvre une plus large partie de l’œil, ce qui peut provoquer un inconfort et une sécheresse oculaire. Il vaut mieux privilégier un DIA plus petit pour un rendu plus naturel et éviter le syndrome de l’œil sec. La taille moyenne de l’iris japonais est d’environ 11 à 12 mm. Les Japonaises choisissent en général un diamètre de 14 mm à 14.5 mm.
Teneur en eau
La teneur en eau, dit 含水率 en japonais (gansuiritsu), indique si la lentille contient plus ou moins de 50 % d’eau. Un teneur en eau de plus de 50 % sera plus confortable, mais aura tendance à assécher vos yeux. Au contraire, une teneur en eau de moins de 50 % sera parfois moins confortable, mais ne desséchera pas les yeux.
BC
Le BC est très important car il indique la courbure de la lentille. Vous ne pouvez pas connaître la courbure de votre œil sans consulter un ophtalmologiste. Si vous portez une lentille dont la courbure ne vous correspond pas, elle risque de vous causer des égratignures ou des lésions de la cornée.
Prix
Le prix d’une boite de lentilles dépend de leur durée (journalières, bimensuelles ou mensuelles). En général, il faut compter environ 2000 yen (12 €).
Les quatres grands types de kara-kon
Les Fuchiari kara-kon
Le fuchi est le cercle coloré autour de la lentille. Il peut être plus ou moins épais.
Rendu
Le fuchi est ajouté pour rendre les yeux plus grands et ronds. Un fuchi épais aura un effet plus dramatique en donnant des yeux de poupée. Un fuchi plus fin aura l’air un peu plus naturel.
Pour qui ?
Les fuchiari kara-kon sont populaires auprès des adeptes des styles menhera et jiraikeijiraikei.
Model
Tsubasa Masukawa
Marque
Angel color
Les kara-kon naturels
Le look naturel est le plus populaire de nos jours au Japon. L’avantage est de pouvoir les porter tous les jours en rehaussant subtilement son regard.
Rendu
Les couleurs sont des tons de de marron déclinés sous de jolis noms comme marron miel, marron chocolat, marron rose, marron pêche, etc. Le DIA est en général plus petit pour un rendu plus modeste et presque indétectable.
Pour qui ?
Les jeunes filles ou les femmes actives qui souhaitent avoir des yeux plus grands sans que leur entourage le remarque.
Model
Rora
Marque
rêvia
Les Suiko kara-kon
Les suiko kara-kon sont à mon avis, l’invention la plus intéressante.
Suiko signifie eau + lumière.
Rendu
Imaginez des yeux de manga : voyez-vous le petite reflet ajouté dans l’œil, souvent utilisé pour transmettre une émotion ? C’est cet effet que les suiko cherchent à reproduire : la réflexion de la lumière sur les yeux pour des yeux encore plus beaux. Les couleurs ont une gradation allant du gris foncé au gris clair. Le DIA est plus petit avec un fuchi fin.
Pour qui ?
Les fans de mangas, de K-pop (la tendance vient de là), ou les influenceurs des réseaux sociaux.
Model
Sakura chan
Marque
Molak
Gyaru kara-kon
Les kara-kon gyaru sont les pionniers !
Rendu
Les couleurs grises et bleues, associées à un fuchiari offrent un rendu qui change dramatiquement le regard. Le but est d’obtenir un look half (métisse japonaise) ou gaikokufu (comme une étrangère).
Model
Kumi Koda
Marque
loveil
Les lentilles de contact de couleur au Japon sont tellement omniprésentes qu’elles ont fini par être considérées comme une étape de maquillage ou un accessoire de mode. Les modèles naturels sont les plus populaires de nos jours, mais de nouvelles innovations continueront certainement de sortir dans les prochaines années.