lundi 7 juillet | 21:55

Le Jardin zen

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Luxe, calme et volupté. Tout va pour le mieux dans la vie parfaitement réglée de Yoriko et de tous ceux qui, comme elle, ont rejoint la secte de l’eau. Jusqu’au jour où son mari revient à la maison après de nombreuses années d’absence, entraînant avec lui une myriade de problèmes. Rien, pas même ses plus ferventes prières, ne semble restaurer la précieuse quiétude de Yoriko… Avec tout cela, comment faire pour rester zen ?

Fiche technique :

Titre original : Hamon
Réalisatrice : Naoko Ogigami
Genre : Comédie dramatique
Distributeur : Art House
Durée : 2h 09min
Date de sortie au Japon : 26 Mai 2023
Date de sortie en France : 29 Janvier 2025

Résumé :

Japon, Mars 2011. Les nouvelles sont alarmantes depuis le tremblement de terre et le tsunami qui ont ravagé la côte Pacifique du Tôhoku. Dans leur joli quartier résidentiel, Yuriko, son mari et son fils sont scotchés aux informations télévisées. L’eau a-t-elle été contaminée à cause des fuites radioactives ? Alors que cette psychose germe dans l’esprit de Yuriko, son mari Osamu sort arroser le jardin en fleurs… et disparaît !

Quelques années s’écoulent, et la vie de Yuriko s’est métamorphosée. S’occupant seule de son fils et de son beau-père à présent décédé, elle travaille au supermarché comme hôtesse de caisse. Mais le plus gros changement réside dans ses fréquentations : elle est désormais membre de la secte de l’eau. Obsédée par la peur de la contamination de l’eau, elle paie des fortunes pour se fournir en bouteilles auprès de son groupe. Alors qu’elle pensait avoir trouvé la paix, Osamu refait surface ! Celui-ci découvre avec étonnement les nouvelles pratiques de Yuriko, ainsi que la transformation de son jardin en karesansui. Un jardin zen dont les graviers représentent la surface de l’eau.

Une cohabitation est-elle toujours possible entre les époux ? Ou la transformation de Yuriko est-elle si profonde pour accepter cette situation ?

Analyse :

La force du film réside dans le développement du personnage principal, Yuriko. Seule et apeurée, cette mère de famille japonaise traditionnelle devient une femme sous influence. La secte structure sa vie depuis le départ inexpliqué de son mari. Elle semble dépourvue de son libre arbitre et fait preuve d’une grande docilité. Toutefois, le retour impromptu de Osamu met ses nerfs à rude épreuve ! Ses réactions dues au stress et au dégoût des manières de ce dernier font rire le spectateur. La vraie Yuriko chercherait elle à briser ce masque de façade, le tatemae, qu’elle porte depuis trop longtemps ? Il est cependant difficile d’exprimer sa vraie nature quand les membres de la secte saluent son abnégation après le retour de son mari. Pourtant, une nouvelle amitié avec une collègue de travail vient bousculer ses croyances et Yuriko semble prendre un second souffle.

Le geste de Osamu au début du film est-il un cas isolé ? Au Japon, il existe un phénomène appelé jôhatsu. Il s’agit de disparitions volontaires. En raison de la pression sociale, d’un endettement ou de problèmes familiaux, des personnes choisissent de disparaître. Accablés par la honte, les familles ne font que très rarement des démarches pour les retrouver. D’ailleurs, Yuriko déclare elle-même à ses voisins que son mari est en déplacement professionnel. Ce phénomène d' »évaporation » n’est pas si rare au Japon. Il existe même des sociétés (parfois liées aux yakuzas) qui s’occupent des déménagements à la cloche de bois, voire de la création de nouveaux documents d’identité.

Le film est également une mise en garde contre les mouvements sectaires. Très présentes en Asie, elles profitent du désespoir, de la solitude de leurs membres pour étendre leur emprise. Le traumatisme lié à la catastrophe de Fukushima est une aubaine pour les dirigeants peu scrupuleux de la secte de l’eau. Ils alimentent la paranoïa tout en renforçant les liens entre les membres. Pour se sentir en sécurité et intégrés, les victimes ne regardent pas à la dépense ! Elles sont prêtes à tout pour obtenir les précieuses bouteilles, ainsi que des remèdes de la source miraculeuse. Et comment imaginer que ces dirigeants cherchent à s’enrichir sur votre dos quand ils jouent les bons samaritains en organisant des actions pour les sans-abris ?

L'avis de Megu

9 Une incroyable transformation pour Yuriko

Le développement du personnage principal est fascinant. Yuriko passe par différentes phases au fil de l'histoire. Elle y dévoile ses craintes, ses faiblesses, mais également une force incroyable qu'elle se découvre petit à petit. Son évolution atteint son apothéose dans la scène finale, absolument sensationnelle. L'actrice Mariko Tsutsui nous livre une performance d'une grande justesse et pleine de sensibilité.
Le film aborde des thèmes complexes et graves qui nous poussent à réfléchir. Traumatisme, emprise, solitude,... Le monde admire la résilience du peuple japonais face aux catastrophes, mais n'oublions pas que ce sont des êtres humains pouvant être en souffrance. Il suffit d'un petit moment de faiblesse pour être pris dans l'engrenage et faire confiance aux mauvaises personnes. Heureusement, le film nous rappelle que de grandes transformations peuvent survenir lorsqu'on accepte une main tendue.

A propos de l'auteur

Coucou c'est Megu ! La culture japonaise influence ma vie personnelle, professionnelle et artistique depuis de nombreuses années. J'écris principalement des articles Mode, mais il y a tant de choses dont j'aime parler à propos du Japon !

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