Le Japon possède une variété de jeux assez impressionnante ; certains d’entre eux ont d’ailleurs su s’exporter partout dans le monde. Tous les deux mois, je vous propose un dossier spécial sur une catégorie de jeux japonais. Ce mois-ci, (re)découvrons ensemble les jeux de plateau traditionnels !
En général, beaucoup de jeux japonais sont le résultat d’une influence extérieure, notamment de Chine ; les jeux de plateau ne font pas exception. Grâce à la portée internationale de manga comme Hikaru no Go, les jeux de plateau traditionnels ont pu conquérir nos contrées occidentales. Voici quelques exemples de ces classiques de la culture ludique japonaise :
JEU DE GO
囲碁
Un jeu de stratégie ancestral
Né en Chine entre le VIIème et Vème siècle avant JC, le jeu de Go a très peu évolué depuis sa naissance ; sa propagation au Japon autour du VIIème siècle après JC en a fait un incontournable du jeu de société nippon.
Nécessitant très peu de matériel comparativement à d’autres jeux de plateau, le jeu de Go est pourtant d’une rare complexité. Le principe est simple : deux adversaires s’affrontent avec des pierres (goishi ou 碁石) noires et blanches sur un grand plateau quadrillé (goban ou 碁盤).
Une partie de Go
Il serait difficile de résumer les règles du Go dans cet article, mais voici quelques rudiments :
Au début de la partie, le plateau est vide. Les deux adversaires, en commençant par le noir, posent chacun leur tour une pierre de leur couleur sur une intersection de la grille.
Une partie se déroule en 3 phases : le Fuseki (l’ouverture), le Chuban (le milieu de partie) et le Yose (la finale). Lors de l’ouverture, les joueurs prennent peu à peu position de manière globale sur le plateau. Il s’agit alors ni plus ni moins d’une guerre de territoires où la stratégie fait la différence !
Pour plus d’informations sur les règles de ce jeu emblématique, rendez-vous ici !
SHOGI
将棋
Les échecs nippons
Véritable classique du jeu de société japonais, le Shogi fait partie de la famille élargie des jeux d’échecs. Au Japon, il est pratiqué par 10 à 15 millions de personnes et bénéficie de retransmissions télévisées hebdomadaires sur la NHK (première chaîne télévisée japonaise).
Une partie de Shogi
Si le Shogi d’aujourd’hui a déjà subi plusieurs variations, voici un court résumé des règles de base :
Pour un joueur occidental, les pièces du jeu peuvent paraître difficile à prendre en main. En effet, chaque pièce possède des kanjis pour les identifier (voir ci-dessous). Il y a également un positionnement spécifique sur le plateau qui diffère des échecs tels que nous les connaissons.
Contrairement aux échecs occidentaux, les pièces du Shogi peuvent être promues (sauf le roi et le général d’or). Quand la pièce entre en zone de promotion, elle peut alors être retournée par le joueur et un nouveau kanji apparaît pour le montrer (voir ci-dessous).
Il existe aussi une notion de parachutage : il s’agit de la possibilité pour le joueur de réutiliser des pièces adverses précédemment capturées ! Attention, il y a cependant des contraintes :
- Une pièce ne peut être parachutée et promue en même temps.
- Une pièce ne peut pas être parachutée sur une case d’où elle ne peut partir.
- Un pion ne peut pas être parachuté en matant directement le roi adverse.
Du fait du nombre important de pièces, de leur diversité ainsi que de leur promotion et des menaces de parachutage constantes, le Shogi est un jeu de plateau complexe doté d’une immense richesse tactique. Si vous êtes habitué·es aux échecs classiques, vous risquez d’être surpris·es !
Il serait trop long de détailler ici les déplacements exacts de chaque pièce ; je vous invite donc à regarder les règles de ce jeu complexe dans ce lien !
DOBUTSU SHOGI
どうぶつ将棋
Le Shogi accessible à tous·tes
Si il existe beaucoup de variantes du Shogi, le Dobutsu Shogi est une version assez récente créée par une joueuse de Shogi professionnelle, Madoka Kitao.
Une partie de Dobutsu Shogi
Si cette variante du Shogi original se veut accessible à un public élargi, notamment les enfants, elle n’en reste pas moins dotée d’une certaine complexité ; les notions de promotion et parachutage sont aussi utilisées !
D’autre part, le Dobutsu Shogi est très visuel et pédagogique : des points indiquant les directions de déplacement sont présents sur les pièces. Idéal pour les débutants !
Par exemple, l’éléphant ne se déplace qu’en diagonale (avant ou arrière).
La partie est gagnée soit quand le lion adverse est capturé, soit quand son propre lion atteint la ligne opposée adverse sans être mis en échec avec ce dernier mouvement.
OTHELLO
オセロ
Le nouveau Reversi
Nommé Reversi dans les années 1880 en Angleterre, il est réinventé avec succès en 1971 sous le nom d’Othello au Japon par Goro Hasegawa. Jeu très pratiqué dans le monde entier, il est aisément accessible par les plus jeunes.
Une partie d’Othello
Même si ses règles sont simples, l’Othello possède une très grande profondeur stratégique.
Le but du jeu est d’avoir plus de pions de sa couleur que l’adversaire à la fin de la partie. La partie s’achève lorsqu’aucun des deux joueurs ne peut plus jouer ; en général, quand les 64 cases sont occupées.
L’Othello possède des points communs avec le Shogi, présenté plus haut ; la notion de parachutage de pions capturés y est également présente.
Il serait trop long de détailler les règles complètes ici ; je vous invite donc à en prendre connaissance dans ce lien !
E-SUGOROKU
絵双六
Le Jeu de l’Oie japonais
Apparu vers la fin du XVIIème siècle, ce jeu de parcours appelé E-Sugoroku, composé de E (絵) signifiant Image et Sugoroku (双六) signifiant Double Six. Anciennement plutôt religieux ou pédagogiques, les E-Sugoroku ont plus récemment servi de supports publicitaires pour les marques ou les institutions. Similaire sur beaucoup de points, on peut le comparer à notre Jeu de l’Oie !
Une partie de E-Sugoroku
Par jeu de hasard, le but est de faire avancer son pion jusqu’à la case finale du parcours, en lançant un dé de 6 faces.
Ce parcours est généralement imprimé sur une grande feuille de papier et divisé en sections très illustrées et colorées. Il peut aussi varier en nombre de cases (de 20 à 60 en général).
Bien entendu, certaines cases ont des effets spéciaux lorsque le pion s’arrête dessus : retour à la première case, passer un tour, sauter plusieurs cases, …etc.
Comme je ne peux pas présenter tous les jeux en détail, voici une liste non exhaustive d’autres jeux de plateau japonais :
SUGOROKU-BAN
双六盤
Le Backgammon nippon
À ne pas confondre avec le E-Sugoroku présenté plus haut, les règles du Sugoroku-Ban sont très proches du Backgammon actuel. Le but du jeu est de faire sortir ses 15 pions du côté adverse.
JUUROKU MUSASHI
十六むさし
Un jeu de chasse stratégique
Dans ce jeu, un joueur possède 16 pions « soldats » et l’autre un seul pion « général » ; l’objectif du général est de capturer tous les soldats, tandis que les soldats doivent immobiliser le général.
Connaissez-vous des jeux de plateau traditionnels ?
Avez-vous déjà joué à ce genre de jeux ?
N’hésitez pas à nous parler de vos expériences en commentaire ! 🙂