Les amateurs de modes alternatives japonaises s’étaient habitués aux annonces de cessation de publication de leurs magazines préférés… Jusqu’à ce que Vogue annonce le grand retour du magazine FRUiTS de Shoichi Aoki, une référence dans le milieu !
La création du magazine FRUiTS
Shoichi Aoki est un photographe originaire de Tokyo. Au milieu des années 1990, il commence à s’intéresser aux jeunes qu’il croise dans le quartier de Harajuku. En effet, il constate un changement dans leur façon d’appréhender la mode. Plutôt que de suivre les tendances venues des Etats-Unis ou de l’Europe, les Harajuku Kids créent leur propre style. Ils associent leurs vêtements et accessoires de marques undergrounds avec des pièces vintages ou confectionnées à la main. Cette appropriation unique de la mode le pousse à documenter ce qu’il voit à travers son objectif. Le magazine FRUiTS voit le jour en Février 1997. Son nom fait d’ailleurs référence à l’un des courants en vogue à ce moment-là dans le quartier de Harajuku.
Composition du magazine
La mise en page de FRUiTS est simple. Le magazine est essentiellement composé de photographies de street snap en pleine page. On y trouve une courte présentation des personnes photographiées avec leur prénom, leur âge, et la description de leur tenue. Elles y expliquent également leur inspiration stylistique. Très peu de pages sont consacrées à la publicité comme nous pouvons le voir dans nos magazines. Quelques numéros spéciaux mettent en avant les visages connus des sous-cultures du quartier. Ils bénéficient de descriptions plus détaillées de leur look et de leur lifestyle en ouvrant la porte de leur intérieur. Certains lecteurs voyaient même leurs œuvres d’art publiées dans les pages du magazine.
Bien qu’il s’intéresse à tous les styles vestimentaires présents à Tokyo, Shoichi Aoki accorde une importance toute particulière aux sous-cultures de Harajuku. Il se concentre sur l’individualité des styles, à l’opposé des courants dominants de l’industrie de la mode. Lorsqu’on feuillette le magazine, on retrouve des styles emblématiques du quartier comme le Lolita, le Fruits, le Decora, mais aussi des interprétations personnelles de styles alternatifs plus larges comme le Gothique ou le Punk.
L’impact du magazine FRUiTS dans le monde de la mode
FRUiTS ne passe pas inaperçu et se distingue au-delà des frontières japonaises. En effet, le magazine contribue fortement à l’essor de la sous-culture de la mode japonaise en occident. Certaines photographies de Shoichi Aoki deviennent des références et sont relayées dans les médias internationaux.
Une sélection de ses photographies a d’ailleurs fait l’objet d’une exposition dans des musées en Australie et en Nouvelle-Zélande. De plus, des archives du magazine ont été utilisées afin de publier deux livres par Phaidon Press : FRUiTS en 2001 et Fresh FRUiTS en 2005.
L’annonce choc de Shoichi Aoki
C’est un véritable coup de massue qui s’abat sur la communauté de la mode Harajuku. En Février 2017, et après 233 numéros publiés, Shoichi Aoki annonce l’arrêt de la publication du magazine FRUiTS. Il s’exprime sur cette décision par cet argument : « Il n’y a plus de jeunes cool à photographier ». Cette phrase choc semble révéler une nouvelle évolution dans la mode du quartier. L’uniformisation des styles semble avoir rattrapé la culture Harajuku et ses représentants. Pour beaucoup, cette annonce a sonné le glas de la communauté pourtant (re)connue pour sa créativité et son individualité.
La renaissance du magazine FRUiTS
C’est le magazine Vogue qui est le premier à l’annoncer ce mois-ci. Après 6 années d’inactivité, FRUiTS fait son grand retour ! Shoichi Aoki propose un nouveau format pour son magazine. Dorénavant, il sera publié numériquement et en anglais. La volonté du photographe est de pouvoir rendre accessible ses archives et sa documentation au monde entier. Pour la toute première fois depuis 25 ans, le contenu des numéros originels (descriptions des tenues, interviews,…) est traduit. On retrouve également dans ce numéro 1 une session de questions / réponses avec Mihara Yasuhiro, célèbre créateur de chaussures.
Shoichi Aoki a été le témoin privilégié de l’évolution de la mode à Harajuku. Il espère que son travail, véritable encyclopédie de la sous-culture de la mode japonaise, inspirera les jeunes générations qui découvrent ses photographies. Allons nous assister à un renouveau des styles Harajuku ?
« FRUiTS est un témoignage précieux d’un événement qui ne se reproduira peut-être jamais. »
Shoichi Aoki à Vogue
Site officiel : https://tokyofruits.com/
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2 commentaires
« Il n’y a plus de jeunes cool à photographier » ouch, ça fait mal ! Je me souviens des années FRUiTS. C’était vraiment la bible de référence.
Je me rappelle avoir vu des vidéos de vlogueurs en pleurs après cette annonce. C’était particulièrement choquant pour pas mal de monde, et on sentait comme une fin annoncée de la culture de la mode Harajuku. Le fait qu’il reprenne ses activités depuis peu semble dire que la tendance a été finalement inversée. A surveiller…