Le hakama, pantalon de samouraï ou d’écolière ?

En France, l’image du hakama oscille entre un pantalon d’arts martiaux ou le pantalon des samouraïs. Cependant, de nos jours au Japon, son usage est plutôt réservé aux femmes lors de la cérémonie de remise de diplôme et son image est beaucoup plus féminine que celle que l’on a en occident.

 

En effet, le hakama est un pantalon traditionnel, de style jupe culotte, habituellement porté par les femmes et cela depuis l’ère Heian. Au Japon, les filles le portent pour leur cérémonie de remise de diplôme à la fin de l’université.

 

Origine du hakama et son évolution

 

Ères Nara et Heian

C’est en remontant le temps jusqu’au 8ème siècle à la période Nara (710-794) que l’on découvre l’origine féminine du hakama. Celui-ci était porté exclusivement en tant que sous-couche du kimono complexe dit junihitoe (12 couches) par les femmes servant la cour impériale.

Cette coutume continuera durant plus de 400 ans jusqu’à l’époque de Heian (794-1185) et seules les femmes de haut statut avaient l’autorisation de porter. Les restrictions étaient si sévères que le port du hakama se fit de plus en plus rare.

Ère Edo (1603-1868)

C’est à l’ère Edo que le hakama passe des femmes aux hommes pour être porté en tant que pantalon et non plus en sous vêtement. Le hakama était ainsi très populaire auprès des samouraïs et des nobles. C’est de là et de la pop culture qui s’inspire de la période Edo que vient l’image du hakama de samouraï. 

 

Ères Meiji et Taisho

À l’ère meiji (1868-1912), le hakama change encore de propriétaire. Cette fois-ci ce sont les jeunes filles qui vont le porter en tant qu’uniforme scolaire. À l’époque, la possibilité d’aller à l’école était considérée comme un privilège et une fierté pour les filles. C’est pourquoi on s’est inspiré du haut statut des femmes de la cour impériale pour créer de nouveaux uniformes. Avant l’introduction des hakama, les jeunes filles devaient porter des kimonos qui étaient serrés et inconfortables, les empêchant de se concentrer sur leurs études. Le hakama fut adopté car il était élégant, avait une image prestigieuse, mais tout en restant confortable.

Tout comme pour les femmes de l’époque Heian qui servaient la cour impériale, le hakama représentait encore une fois, un symbole de statut privilégié.

À l’ère Showa, le hakama fut délaissé pour les uniformes de marins de type occidentaux.

 

Évolution du hakama

Nara et Heian : le hakama est porté par les femmes de la cour impériale

Edo : le hakama est une pantalon formel pour les hommes samouraïs et les nobles.

Meiji : le hakama est un uniforme scolaire pour les filles.

Showa : uniforme occidentaux

Différences entre le hakama homme et femme

 

Au Japon, on dit que le hakama moderne porté par les femmes viendrait de l’uniforme d’écolière alors que le haori hakama des hommes serait inspiré de celui des samouraïs. 

Le Andon Hakama

Le hakama des écolières est connu sous le nom de Andon Hakama et a été créé par Shimoda Utako, une éducatrice la fondatrice de l’université pour femmes Jissen. Cette dernière s’est inspirée du hakama de la cour impériale pour inventer un design pratique à porter pour ses élèves.

Le Andon Hakama a la forme d’une lanterne comme son nom l’indique en japonais. Il est porté avec un kimono furisode en guise de haut et des bottines pour un côté moderne.

Caractéristiques :

• Bas large, confort de mouvement.
• Forme qui se rapproche d’une jupe culotte. 
• Fait en soie ou coton.
• Les andon faits pour les femmes sont colorés : le bleu, vert, rose ou violet sont les couleurs les plus communes.
• Usage : pour les cérémonies de fin d’études.

Le Uma-nori hakama

Le hakama d’homme quant à lui, est appelé Uma-nori nori hakama (hakama pour monter à cheval), est porté avec un haori (veste) et des zori ou geta (sandales traditionnelles japonaises). Aujourd’hui, on le porte pour les arts martiaux comme le kendo (escrime au bâton).

Son image est plutôt masculine et il est considéré comme une tenue formelle pour les hommes.

Caractéristiques : 

• Les goussets (petites poches) sont profonds et permettent une grande liberté de mouvement, il est facile d’écarter les jambes pour monter à cheval (son origine).
• Serré autour de la taille pour qu’il reste bien en place et ne tombe pas.
• Fait en coton ou polyester. 
• Les couleurs sont neutres : le gris, noir ou bleu foncé prédominent le marché.
• Usage : tenue habillée pour les hommes ou pour les arts martiaux

 

Uniforme féminin et cérémonie de fin d’études 

 

De nos jours au Japon, le hakama est surtout connu pour être porté par les femmes lors de la cérémonie de fin d’études à l’Université. Tout comme le kimono furisode qui est communément porté pendant la cérémonie de passage à l’âge adulte Seijin Shiki (voir article : la seijin shiki), le hakama ne sera porté qu’une fois et il est donc préférable de le louer. 

Location 

Les écoles collaborent avec de nombreux magasins de locations qui leur envoient directement des catalogues destinés aux élèves. Ce type de collaboration permet aux jeunes filles de choisir leur hakama en avance : 1 an environ avant la cérémonie qui a lieu en mars.

Tenue

La tenue complète est composée d’un kimono furisode (qui comprend le sous vêtement spécial), d’une ceinture obi, du pantalon hakama et des accessoires de décoration de la ceinture et du col de kimono (c’est la que la note augmente si l’on veut pouvoir choisir)

Prix

Comme pour le furisode seul, le pack tenue/coiffure/photo souvenir est cher : il faut compter environ 60000~70000 yen minimum (370€~435€ au taux d’août 2024, il est important de noter que la conversion n’est pas représentative du véritable coût de la vie au Japon) sachant que la note monte rapidement jusqu’à 100000 yen (620€) . En effet, la liberté de choisir les couleurs des accessoires a un prix, tout comme si l’on souhaite avoir un modèle récent, plus à la mode. On règle en avance pour finaliser et sécuriser son choix.

 

Le hakama, coiffure et tendances

 

En 2024, la mode est au pastel et aux volants à dentelle. Les accessoires du kimono s’inspirent de l’Europe du 18ème siècle et notamment de Marie-Antoinette. Le col du kimono furisode va être agrémenté de froufrous qui rappellent les collerettes.

En ce qui concerne les couleurs, le rose qui a une image douce et mignonne et le violet qui renvoie à l’élégance et au raffinement sont les plus plébiscitées.

Les tendances coiffure sont aux torsades, aux chignons tressés et aux accessoires à entrelacer dans la chevelure.

 

 

Le hakama conserve une image élégante et prestigieuse tout comme son origine impériale. Il représente une pièce de vêtement ayant traversé les siècles et les genres pour évoluer au gré des tendances contemporaines.

Connaissiez-vous l’histoire de ce pantalon ?