La fille de la supérette
0«Les supérettes japonaises résonnent de toutes sortes de bruits.»
Titre : La fille de la supérette
Titre japonais : Konbini Ningen
Auteur : Sayaka Murata
Genre : Critique social, Sociologie
Éditeur : Folio
Nombres de pages : 144 Pages
Prix : 6.90€
Date de sortie : 2019 (réédition)
Résumé :
«Les gens perdent tout scrupule devant la singularité, convaincus qu’ils sont en droit d’exiger des explications.»
Trente-six ans et célibataire, Keiko travaille comme vendeuse dans un konbini, ces supérettes japonaises ouvertes 24 h/24. Elle n’envisage pas de quitter ce petit univers rassurant, au grand dam de son entourage qui désespère de la voir un jour fonder une famille. Son existence bascule à l’arrivée d’un nouvel employé, Shiraha, lui aussi célibataire.
Informations sur l’auteur :
Sayaka Murata est née en 1979 et est diplômée de littérature à l’Université de Tamagawa.
Elle a suivi des cours d’écriture avec l’auteur Akio Miyahara et a travaillé 18 ans en supérette.
Son roman «La fille de la supérette», paru sous le nom de «Konbini Ningen» s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires et a reçu le prix Akutagawa (équivalence au prix Goncourt) en 2016.
Elle a également été reconnue en 2003 avec son premier roman, «Jyunyū» qui obtient le prix Gunzō. En 2009, elle remporte le prix Noma des nouveaux écrivains pour «Gin’iro no uta» et le prix Mishima en 2013 pour «Shiroiro no machi no, sono hone no taion no».
Extrait du roman
Pour une fois, je vais commencer par mon avis final : ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais ! Dans ce roman, nous suivons l'histoire de Keiko Furukawa, une femme d'une trentaine d'années, célibataire et ayant toujours travaillé dans une supérette. Rapidement, elle nous met face à son "anomalie" : elle n'est pas considérée comme une personne normale. Elle nous donne quelques exemples dans sa jeunesse. Le roman nous pose alors une question : Si tout être humain avait une place définie, où serait-elle ? Cette pensée pousse notre héroïne à bousculer son quotidien et à se poser des questions sur sa place dans le monde ; doit-elle être une mère, une épouse ou juste une femme célibataire comme elle l'est maintenant ? Cette bride de vie, d'un quotidien banal alors chamboulé, étend ses 144 pages sur environ deux mois de la vie d'une simple employée de supérette qui se questionne sur ce qu'est la normalité. Alors que je m'attendais à une certaine romance, je fais face à une critique de la société, ici japonaise. Je vous laisse le soin de découvrir par vous-même ce roman peu banal. Et n'hésitez pas à partager vos avis en commentaire.Chronique de Lalaa
Son quotidien tourne depuis dix-huit ans autour de cette supérette et cela semble très bien lui convenir.
«Alors qu'ils s'accordaient tous à pleurer la mort du volatile, ils n'avaient aucun scrupule à tuer les fleurs en les arrachant.»
Et ce n'est pas le seul exemple...
Le cadre de son travail la rend anormale au yeux du monde, de ses amis et surtout auprès de sa famille.
Prenons quelques secondes pour parler de cette famille. Aux yeux de cette dernière, Keiko est malade car elle ne rentre pas dans les cases définies par la société.
«[...] laisse-moi t'emmener chez le psy... C'est la seule solution pour te guérir. [...] Tu n'as cessé de te montrer de plus en plus bizarre [...], ton expression n'a rien de naturel... Je t'en supplie, tâche de redevenir normale».
Alors que les personnages secondaires répondent aux critères de la société, ils ne semblent pas pour autant heureux.
Ils nous imposent d'ailleurs, plusieurs fois, ce qu'est la normalité.
Tout nous pousse a être normal, à faire ce que l'on attend de nous.
«[....] ce n'est même plus le gérant que j'ai en face de moi.. Juste un mâle de l'espèce humaine, avide de voir s'accoupler un des ses congénères.»
La rencontre d'un homme va encore plus la pousser dans cette réflexion.
«J'ai besoin de changement. Bon ou mauvais, ce sera toujours mieux que ma situation actuelle.»
Ce n'est pas un roman à prendre à la légère. Les thèmes abordés sont bien plus durs que le roman peut le laisser penser avec sa couverture très douce.
Le sujet y est abordé à la perfection et, encore une fois, l'auteur veut pousser à la réflexion.