mercredi 14 mai | 23:12

Black Box Diaries : le cri puissant d’une survivante

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Le 22 mars dernier, je me suis rendue au MK2 Bibliothèque François Mitterrand pour voir Black Box Diaries, un documentaire dont j’avais entendu parler, mais que je n’étais pas préparée à recevoir avec autant de force. J’en suis ressortie bouleversée.

Réalisé par Shiori Itō elle-même, Black Box Diaries est bien plus qu’un documentaire : c’est une prise de parole radicale, une démarche de survie, une lutte acharnée contre l’omerta.Shiori, journaliste japonaise, a osé briser le silence en 2017 en accusant publiquement Noriyuki Yamaguchi, un homme influent proche de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe, de l’avoir violée.Dans une société où à peine 4 % des victimes de viol portent plainte, sa voix a fait l’effet d’un séisme. Face aux intimidations, à l’abandon de son affaire par la police, et au rejet social, elle a décidé de documenter elle-même sa vérité.
Le film commence quelques jours avant sa conférence de presse historique. On la découvre seule, face à la caméra de son iPhone, en train d’enregistrer ses doutes, ses peurs, ses pensées les plus intimes. Ce besoin de documenter, né d’un instinct de survie, deviendra peu à peu une œuvre nécessaire.

« Je risquais de ruiner ma carrière journalistique. Quelques minutes avant l’arrestation de mon agresseur, l’enquêteur a reçu un appel « d’en haut », ordonnant de mettre fin à la procédure. »

— Shiori Itō, extrait de la note d’intention

Ce qui m’a profondément touchée, c’est l’authenticité brute de son témoignage. Elle ne joue pas, elle vit. Elle ne surjoue pas, elle survit. Chaque regard caméra, chaque silence filmé, chaque déplacement dans les couloirs d’un tribunal ou d’un centre médical devient une scène de résistance.
Le spectateur suit son chemin de croix, mais aussi son courage inébranlable.

Black Box Diaries met aussi en lumière les failles d’un système judiciaire japonais encore profondément patriarcal, où la parole des femmes est systématiquement mise en doute.
Mais au-delà de la société japonaise, ce film résonne de manière universelle. Il interroge : que coûte la vérité ? À quel prix une femme peut-elle être crue ?

En sortant de la salle, j’étais secouée. Ce film ne laisse pas indemne — et il ne le doit pas.
C’est une œuvre essentielle, un outil de mémoire, et une arme pour toutes celles qui luttent pour se faire entendre.

Black Box Diaries a été projeté en mars 2025 en France. Même s’il n’est plus à l’affiche, j’espère sincèrement qu’il sera bientôt accessible en VOD ou en DVD, car c’est un film nécessaire, à voir, à partager, et à ne pas oublier.

 

A propos de l'auteur

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