À Tokyo en 1979, quatre sœurs en apparence heureuses découvrent la liaison de leur père vieillissant et libèrent des émotions longtemps refoulées.
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Fiche technique :
Titre original : Ashura no Gotoku
Scénariste : Hirokazu Kore-eda
Genre : Drame
Diffuseur : Netflix
Nombre de saisons : 1 saison
Nombre d’épisodes : 7 épisodes de 57 min
Date de diffusion : 9 Janvier 2025
Résumé :
Tsunako, Makiko, Takiko, et Sakiko sont quatre sœurs qui voient leur vie chamboulée. Un jour de janvier 1979, Takiko annonce qu’elle a fait appel à un détective privé : leur père, âgé de 70 ans, a une liaison avec une femme plus jeune et a eu un enfant avec elle. Alors que cette nouvelle fait l’effet d’une bombe, elles prennent la décision de cacher cette découverte à leur mère. Dans la société japonaise, il ne faut pas faire de vague. Cela dit, comment rester en retrait face à un tel scandale ? Plus que de simples spectatrices, chacune s’implique à son niveau et tente de trouver une issue.
Mais alors que l’attention est portée sur la faute morale du père, les propres faiblesses des sœurs sont dévoilées. Tsunako, l’aînée et veuve, fréquente elle-même un homme marié. Makiko, mère au foyer dans la pure tradition japonaise, soupçonne son propre mari d’avoir une maîtresse. Takiko, la plus stricte des sœurs, souffre de sa solitude qui la paralyse. Enfin Sakiko, la plus jeune, se dévoue à son petit ami boxer jusqu’à s’en rendre malade. Quand les secrets sont démasqués, les sœurs se lancent dans des discours moralisateurs, glissent des allusions pour déstabiliser celles qui ne rentrent pas dans le rang. Mais la sororité est plus forte que les conflits. Ces femmes s’apportent un soutien et un amour inconditionnel. Chacune subit une profonde transformation qui modifie leur perception du monde qui les entoure.
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Analyse :
Le cinéaste Kore-eda (Palme d’or au Festival de Cannes 2018 pour son film Une affaire de famille) signe ici sa seconde série où il exploite son thème de prédilection. Dailleurs, Asura est un remake de la mini-série Ashura no Gotoku diffusée en 1979 sur NHK. Cette même série est une adaptation du livre de l’autrice Kuniko Mukoda. Malgré la gravité des situations que rencontrent ses personnages, Kore-eda amène pudeur et humanité. J’ai en tête une scène où les sœurs jouent une partie de jankenpon (renommé en France Shifumi) endiablée pour se partager les kimonos de leur mère. Elle s’achève dans les éclats de rire de ces femmes retombées en enfance un court instant.
Le sujet de l’adultère n’est pas facile à traiter et à appréhender, notamment dans notre perception judéo-chrétienne. En effet, dans le Japon d’avant-guerre, un homme pouvait avoir des relations extraconjugales sans que ce ne soit un crime. Il devait s’assurer de perpétuer sa lignée. Or, pour la femme adultère, la finalité était toute autre. Après la guerre, plutôt que d’appliquer le caractère criminel aux deux sexes, il est tout simplement effacé du code pénal. Par ailleurs, les relations extraconjugales ne sont pas rares dans cette société patriarcale.
Du point de vue esthétique, nous sommes immédiatement téléportés dans le Tokyo de 1979. Entre les décors et les vêtements que portent les personnages, on apprécie la lumière et le grain de l’image. Ce « filtre » donne même l’impression que la série a été tournée bien plus tôt. De longs dialogues rappellent les films de Ozu. La série est également ponctuée de scènes contemplatives où les émotions des personnages sont au premier plan. Le rythme est plus lent et donne l’opportunité aux spectateurs d’être attentifs aux détails, de ressentir le temps qui passe.
L'avis de Megu
J'apprécie tout particulièrement les tranches de vie, et cette série répond à beaucoup de mes attentes. Kore-eda apporte cette notion documentaire à ses œuvres qui me permet de plonger dans son univers et de mieux comprendre la société japonaise de l'époque. L'ambiance générale de la série est esthétique, et j'ai plaisir à voir la mode de l'époque. La sœur aînée porte le kimono avec une telle élégance ! Un véritable plaisir pour mes yeux. On peut reprocher à la série sa lenteur, mais elle est à mes yeux une force pour saisir toute la profondeur des personnages et de leur histoire. Il s'agit de la vie d'une famille, tout simplement, avec ses difficultés et ses joies. Les sœurs évoluent à leur rythme, prennent davantage de recul sur leurs expériences respectives, font preuve de résilience et de compassion,... Une belle série pour faire une pause et se recentrer sur l'essentiel.