A-Girl

Ce qui est intéressant dans le titre A-Girl, c’est son contexte et son influence sur le genre du shôjo manga. L’éditeur Akata a fait un superbe travail de présentation, et je vous conseille vivement de lire leur article à ce sujet (lien en bio). Pour résumer, ils nous expliquent qu’à cette période, les titres proposés par Fusako Kuramochi marquent un véritable tournant.

Le shôjo passe alors d’œuvres avec « une image très fantasmée » – souvent fantastiques, historiques ou mystiques, se déroulant en Europe – à des histoires bien plus ancrées dans le quotidien japonais, auquel il devient plus facile de s’identifier.

A-Girl, c’est l’histoire de deux sœurs vivant ensemble sans leurs parents et qui, à la suite d’un incendie, vont être hébergées chez leur voisin, fils de leurs propriétaires. Toutes deux vont tomber sous le charme du même garçon : un mannequin lycéen, gentil mais énigmatique.

On entre ainsi dans le quotidien de personnages imparfaits :

• Mariko, la plus jeune, romantique et trop gentille… à tel point qu’elle se laisse violenter par son petit ami actuel.
• Mayu, l’aînée écrivaine, semble plus dure et sûre d’elle, mais a tendance à rabaisser sa sœur.
• Natsume, le lycéen mannequin, est respectueux mais enchaîne les relations sans lendemain, passant d’une sœur à l’autre (et à d’autres) selon les élans de son cœur.

A-Girl, c’est donc le récit de plusieurs relations toxiques, mais aussi d’introspections profondes, notamment du côté de Mariko. À travers la complexité de leur quotidien, on comprend qu’ils avancent sans réel soutien familial, font des erreurs, cherchent du réconfort ou une forme de valorisation – souvent de façon maladroite et confuse.

Ce qui importe ici, ce n’est pas « qui va finir avec qui », mais plutôt ce qu’ils vont apprendre d’eux-mêmes et comment ils vont réussir à vivre pour eux.

Je vous recommande A-Girl si vous êtes curieux de découvrir l’évolution du shôjo manga et que vous avez envie d’accompagner des personnages imparfaits dans leurs réflexions intimes. Cette lecture peut sembler difficile à aborder car elle date d’une autre époque, mais elle reste touchante par la sincérité de ses figures principales.