La beauté du diable
0« J’ai un secret. J’appartiens à un club. On en voit les membres partout, dans Ginza, dans Marounouchi, Aoyama et sur Omotesando – toutes les meilleures adresses de la ville. »
Titre : La beauté du diable
Auteur : Jha Radhika
Genre : Lifestyle
Éditeur : Éditions Philippe Picquier
Nombres de pages : 274 Pages
Prix : 19€50
Date de sortie : Août 2014
Résumé :
La beauté du diable, ou comment le désir vient aux femmes. Le désir d’être belle, de se croire une reine, le désir d’allumer les regards de convoitise et d’envie sur son passage.
Kayo aurait pu mener une existence fade et rassurante de mère au foyer à Tokyo. Jusqu’à ce que germe en elle une graine qui va définitivement changer sa vie. Cette histoire aurait pu tout aussi bien se dérouler à Paris, Londres ou Delhi ; dans n’importe laquelle de ces capitales où prévaut le culte de l’apparence et du luxe, où la pétillante ivresse du shopping peut se transformer en drogue, et le paradis en enfer.
Information sur l’auteur :
Radhika Jha est indienne, née en 1970 à New Delhi, elle a vécu plusieurs années au Japon, plus précisément à Tokyo.
Assez pour pouvoir parler du quotidien des femmes, à travers un superbe ouvrage «La beauté du diable».
« Kayo, l’héroïne de La Beauté du diable, m’a été donnée une nuit en rêve. J’ai vu une femme seule chez elle. C’était très serein. Puis j’ai vu la même femme faisant nerveusement ses bagages pour partir en vacances. J’ai vu sa famille – deux enfants adolescents et le père – monter en voiture. Ils ne remarquaient pas qu’elle n’était pas avec eux. Et j’ai compris alors pourquoi – parce qu’elle leur était devenue invisible.
Être invisible. Ne pas exister. Cela a toujours été pour moi une chose à la fois désirable et effrayante. Quand on est un étranger, on est invisible et c’est déstabilisant. Mais quand j’écris, j’essaie de me faire aussi invisible que possible car je sais qu’ainsi l’histoire prendra vie. Dans L’Odeur, Lîla voudrait être invisible mais quelque chose d’invisible, son odorat, l’en empêche. Avec Kayo j’avais enfin rencontré quelqu’un qui était devenu invisible. Et maintenant je devais découvrir qui elle était.
Ce livre n’est pas un livre sur un pays en particulier. Ce que Kayo ressent, n’importe quelle femme dans n’importe quel pays peut le ressentir à une occasion ou une autre. Quand je vivais à Tokyo, j’ai eu la chance d’être invitée à des « ventes privées ». Dans ces ventes privées (qui ont lieu dans les grandes villes partout dans le monde), on peut trouver des vêtements de grandes marques de la saison précédente à prix cassés. Mais plus que par les vêtements, j’ai été fascinée par les gens, pour la plupart des femmes, qui venaient les acheter. Car au bout de quelques temps je me suis aperçue que ces femmes n’achetaient pas des choses parce qu’elles en avaient besoin mais parce que cela remplissait en elles un vide qui avait désespérément besoin d’être rempli. J’ai moi-même éprouvé ce vide après la naissance de ma fille. Je crois que beaucoup de gens sont confrontés à une expérience similaire à un moment de leur existence. Je pense qu’un vide s’ouvre en nous lorsque nous découvrons soudain la part d’ombre de nos vies et réalisons que nous ne pourrons rien y changer. Alors nous essayons de combler ce vide. Certains d’entre nous le comblent en s’agitant et d’autres en possédant. C’est notre moderne condition. » Radhika Jha
Quelques articles (sans spoil)
Chronique de Lalaa
Comment découvrir le quotidien des femmes japonaises, si ce n'est en les côtoyant en vivant au Japon.
C'est ce qu'a fait Radhika JHA> malgré elle.
En suivant son mari muté au Japon, ces 4 ans lui ont servi à découvrir l'univers des ventes privées mais aussi à écrire un roman : «La beauté du diable», ou quand mère au foyer et working-girl, deux mondes que tout oppose, ne font qu'un.
A travers ce roman, nous suivons Kayo, une jeune épouse, puis une mère au foyer, dans son quotidien.
Une routine monotone dans une vie qui semble tout aussi monotone.
Pourtant, j'ai ressenti une certaine curiosité, un peu malsaine, à vouloir en savoir toujours plus sur la vie de cette femme, qui met fin à cette monotonie.
Nous la suivons dans ses joies, ses tristesses, mais surtout dans ses galères, et c'est à travers ces galères que ma curiosité n'a fait que grandir.
Jusqu'où pouvait-elle aller pour s'en sortir ?
A qu'elle point pouvait-elle se mettre en danger ?
Puis une question me vint à l'esprit : serais-je moi aussi capable d'aller si loin ?
Dès les premières lignes ce roman m'a pris la main et m'a attiré dans cette histoire où imagination de l'auteure et réalité se mélangent.
J'ai apprécié le fait d'avoir l'impression que Kayo brise le quatrième mur pour s’adresser directement au lecteur «Vous pourriez appeler mon club des passionnées de beauté» ou encore «Vous êtes surpris ?» même si parfois cette impression se dissipe «Vous êtes un homme [...] Vous êtes américain» (enfin tout dépends du lecteur après tout).
Mais une fois le chapitre deux lancer, Kayo ne parle plus ainsi, laissant le doute planer jusqu'aux derniers chapitres.
J'ai également beaucoup apprécié le faite de découvrir le quotidien d'une femme au Japon : comment une femme enceinte vivait sa grossesse, les différences entre une working-girl et une femme au foyer car on n'est difficilement les deux à la fois ! Pour ma part, j'ai appris beaucoup de choses ou au moins, renforcé certaines connaissances.
Concernant Kayo, notre personnage principale, j'ai eu du mal à la comprendre dans ses choix à de nombreuses reprises, voir même une grosse partie du roman, me demandant sans cesse comment elle avait pu en arriver là.
Ce n'est que vers la fin du roman que je me suis sentie en harmonie avec le personnage. Sûrement parce que ses envies et ses ressentis étaient semblables aux miens, mais peut-être aussi car au fur et à mesure de l'histoire j'avais appris à connaître cette femme.
J'ai finit par ressentir beaucoup plus de tendresse que d'incompréhension.
Mais, à l'avant dernier chapitre, un événement a entraîné une rupture entre elle et moi, ce qui a rendu le dénouement vraiment inattendu !
Puis, on a cette impression de ne pas réellement connaître cette femme dont a pourtant lu toute l'histoire.
A la fin de ma lecture, j'ai eu la triste sensation qu'une femme au Japon était difficilement heureuse peu importe la route choisie, car tout un tas de charges et de principes s'abattent sur elles.
Ce roman m'a aussi permis de me poser tout un tas de questions sur moi mais également sur la vie en société, qu'il s'agisse de vivre au Japon ou en France.