Autant en emporte la brume

Alors que précédemment je vous présentais un shōjo très actuel en cours de prépublication dans la magazine Dessert (And yet, you are so sweet), nous allons remonter dans le temps et découvrir un des hits de ce magazine dans les années soixante !

Je suis allée chercher pour vous un peu de contexte.
Dans les années cinquante, des mangas pour fille commencent à éclore et trouvent leur public. Cependant, pendant un temps ce sont des hommes qui rédigent ces récits. Eiko Hanamura, nous raconte d'ailleurs qu'une des raisons pour lesquelles elle a été approchée à ses débuts pour le magazine Niji est que son éditeur "M. Nagaoka avait fondé Niji car il souhaitait confier la création de shōjo mangas à des femmes".
Quelques années plus tard, après un travail reconnu, elle fut approchée par un éditeur de Dessert cherchant un "mélodrame authentique" pour son magazine. C'est ainsi qu'il fût emballé par un projet déjà refusé par d'autres car il y avait une relation entre adultes pour un canal qui semblait destiné au jeune public.

C'est une époque où les thèmes récurrents du shōjo étaient le mélodrame, le mystère et la bonheur. Et c'est bien ce que l'on retrouve dans Autant en emporte la brume (bien que ce soit un peu déroutant à notre époque de voir autant de drames qui se succèdent pour nos personnages).

C'est donc l'histoire de destins qui s'entremellent dans un décors bien planté qui est Hokkaido sous la brume. Cette histoire succède les points de vues, d'abord la mère puis Rika, puis Natsuko... qui chacune à leur tour vont affronter l'adversité et tenter de retrouver un bonheur perdu. Ce récit surprend en commençant par nous présenter les pensées intimes de la mère alors qu'on ne pense pas aux premiers abords que c'est le personnage principal, qu'on s'attend plutôt à être Natsuko.
C'est un récit surprenant, qui enchaîne les mésaventures tel une tragédie grecque et qui a un ton mature et honnête. Les codes sont très différents de notre époque, mais on en retient la stature et le courage de ces trois femmes (ou femmes en devenir) mais aussi leur complexité et leur nombreuses palettes d'émotions.

C'est un récit que je vous recommande si vous souhaitez découvrir l'origine des shōjo mangas ou si vous souhaitez vivre de nombreuses émotions !