jeudi 21 novembre | 10:15

Interview de Cédric Biscay, auteur du manga Blitz

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Samedi 24 juin, la Fnac organisait un plateau 100 % manga français à la Fnac Bercy à l’occasion de l’événement Japan Mania. À cette occasion, c’est avec plaisir que Japan Glossy a pu interviewer Cédric Biscay, créateur du manga Blitz.

 

Pouvez-vous vous présenter et expliquer votre parcours ? 

Je suis Cédric Biscay, à la base je suis un amoureux du Japon, notamment via les dessins animés japonais que je regardais à l’époque du club Dorothée, parce que je suis un ancien on va dire (rire) ! 

J’ai commencé par faire un voyage au Japon, et je me suis pris évidemment la claque visuelle que j’attendais voire plus. Je me suis dit qu’il fallait absolument que je travaille avec ce pays, c’était obligatoire. Donc j’ai démarré en créant un cabinet de conseil qui aide les entreprises à se développer au Japon et inversement. 

En 2014, comme j’ai toujours voulu faire de la production, j’ai créé une nouvelle société qui s’appelle Shibuya Production qui est à Monaco et au Japon. On a commencé à produire et à créer des choses : le jeu vidéo SHENMUE III, l’animation du dessin animé d’Astro Boy et évidemment Blitz. 

On est aussi dans l’événementiel. J’ai créé un évènement qui s’appelle le MAGIC à Monaco et à Kyoto, où on fait venir des personnalités du monde de la pop culture.

Comment en arrive-t-on au manga ?

Je ne me suis jamais senti légitime à faire du manga parce que je ne suis pas auteur. Mais j’ai une passion énorme pour ça, j’adore particulièrement les mangas sur le sport tels que Captain Tsubasa, Slam Dunk et Kuroko’s Basket, et aussi Eyeshield 21. Il faut que je le cite car il est génial ! Et c’est vrai que je me suis dit que je voulais absolument faire un manga sur le sport. Comme j’en ai lu beaucoup, je me suis dit que j’en étais capable. Cependant comme les mangas c’est super concurrentiel, je me suis dit qu’il fallait un truc où j’arrive à me démarquer et j’ai pensé aux échecs ! Puis si c’est les échecs il fallait que j’ai Garry Kasparov dans l’histoire ! Et à partir du moment où il accepte, banco Blitz est parti et on peut travailler ! 

Il me semble que Blitz est publié au Japon ?

Oui, une partie est publiée sur Shonen Jump Plus, ce n’est pas en print et on espère que l’on va y arriver mais pour l’instant c’est en ligne. Et là où c’est cool, c’est que l’on est publié aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie et là on vient de signer il y a quelques semaines en Italie. Donc ça commence à suivre son petit bonhomme de chemin et on est super content. 

Je reviens sur le fait que vous citiez Garry Kasparov, et où vous expliquiez que ce projet n’aurait jamais eu lieu sans lui donc comment a-t-il réagit ?

Garry Kasparov, c’est une légende des échecs et aujourd’hui c’est un homme international et il est à des années lumières de la pop culture. Mais pour moi il est pop culture par rapport à ce qu’il a fait, mais lui il ne lit pas de manga et il ne s’intéresse pas aux mangas. Donc ce qu’il se passe c’est que j’ai envoyé un message dans sa boite générique aux États-Unis pour lui dire que j’avais un projet et que j’aimerai que nous collaborions. Il m’a répondu quelque temps plus tard qu’il trouvait que ça avait l’air sympa et d’organiser une rencontre quand il sera à Paris.”. J’ai pitché tout le truc et il a été emballé et il a été OK d’apparaître comme personnage et d’être conseillé sur certaines des parties d’échecs. C’est super fou parce que même lui quand il fait des livres, il ne va même pas faire des dédicaces donc qu’il ait pris le temps d’être OK pour Blitz c’est génial car c’est vraiment une sommité.

Très concrètement, comment ça fonctionne une collaboration avec Garry Kasparov mais aussi avec le dessinateur et la co-scénariste de Blitz ? 

Alors, avec Garry Kasparov c’est très simple car je lui demande des avis sur des parties et il n’y a pas d’interactions scénaristiques avec lui. Par contre, c’est différent avec ma dialoguiste. Je prépare un scénario et après je le lui transmets pour que l’on puisse faire un dialogue entre les personnages. C’est beaucoup d’aller-retour et en plus je ne parle pas japonais donc il y a des interprètes qui font le travail. Après, une fois que l’on est d’accord sur les dialogues, on passe le petit bébé à Daitarô NISHIHARA pour qu’il dessine un story board. Et comme il dessine un story board qui est bien travaillé, lorsque lui fait son retour c’est facile pour nous lors de la mise en situation de voir ce qui va et ce qui ne va pas. En général il y a au moins 90% qui va, donc c’est très simple et il y a très peu de détails à changer. Et après une fois qu’on est d’accord avec le story board, le dialogue, etc., lui il passe au dessin final. Le story board est fait sur papier et le dessin final est fait sur ordinateur. 

Quel est le rythme de création ? Pour faire un chapitre combien de temps faut-il ?

On sort un tome tous les quatre mois, ça veut dire que le travail en lui-même prend deux mois. Pour comparer, au Japon ils sortent un tome tous les trois mois (pour les plus rapides comme Kingdom par exemple). Ce rythme nous permet de faire un suivi avec les lecteurs et d’un point de vue commercial ça permet d’être présent chez les libraires un peu toute l’année. 

Notre point de vue européen étonne vos collaborateurs japonais ?

J’ai essayé de gommer ça assez facilement en faisant intervenir les personnages dans une école internationale, ça veut dire qu’il y a des personnages qui sont japonais, français, chinois, ou coréen, et ça permet d’être un petit peu plus libre au niveau des codes typiques de la school life japonaise. Une partie de l’histoire se passe aussi à Monaco et c’est super cool car eux ils ne savent pas comment c’est Monaco donc je suis obligé de faire des repérages, de prendre des photos et c’est super marrant. 

Est-ce qu’aujourd’hui vous jouez encore aux échecs pour vous challenger par rapport à votre histoire ?

J’avoue que je joue davantage aux échecs depuis que je fais Blitz qu’avant Blitz. En fait tout le monde m’attend sur le sujet, et comme tout le monde veut jouer contre moi parce qu’ils pensent que je suis un génie des échecs je suis obligé au moins de savoir pousser les pions correctement. Donc ouais je joue un peu en ce moment.

Est-ce que parfois vous recevez des lettres de fan avec des questions très précises sur les échecs ?

Bizarrement ça m’arrive ! Je reçois beaucoup de messages sur ça et parfois quand on a fait une petite coquille il y a des gens qui corrigent et après on les corrige dans les rééditions suivantes. 

 

Est-ce qu’il y a des gens qui ont commencé les échecs avec votre manga ?

Pleins, pleins, pleins et c’est hallucinant car c’est la fédération des échecs qui nous l’a dit et ils utilisent même Blitz dans leur présentation parce qu’il y a pleins de jeunes qui se sont inscrits. Et on a même, et c’est vraiment ce qui est le plus imprévu, des joueurs d’échecs qui se sont mis à lire des manga avec Blitz. Ils n’ont jamais lu de manga de leur vie et quand ils viennent en dédicace ils demandent pourquoi c’est écrit à l’envers et tout. Donc ça je ne l’avais pas vu venir par contre. 

Quel a été le processus pour choisir vos personnages, les créer, avec quelles intentions ? 

Pour Tom, je voulais un héros totalement imparfait et qui soit en totale opposition avec le sujet. C’est-à-dire que les échecs c’est quand même un sport où il faut être concentré et calme. Tom est tout l’inverse. Et évidemment c’était pour moi plus simple d’un point de vue scénaristique de prendre un héros à qui il faut tout apprendre et où on peut suivre son évolution. À contrario, il y a l’héroïne qui s’appelle Harmony. Qui elle est le personnage calme, très posée et intelligente. Qui est déjà la championne. Elle a un rôle, complètement différent, de mise en lumière des échecs dans les tournois alors que Tom lui il est à la ramasse. Et par exemple, en personnage haut en couleur et qui n’est pas vraiment dans la team échec, on a Jean-Marc qui gère la crêperie. Pour lui, je me suis inspiré d’une anecdote (même si ce personnage n’a rien à voir avec le personnage de départ). Au début quand j’allais au Japon, donc avant les année 2000, il y avait un mec qui faisait des crêpes glacées à Shibuya à côté du Tsutaya. Il avait un truck, il était black, et bodybuildé, c’était n’importe quoi (rire) et ce personnage il est génial et je l’ai pris comme inspiration. Il n’est plus black mais il est toujours bodybuildé, il ne fait pas des crêpes glacées mais des crêpes bretonnes mais ça me plaisait de faire ce clin d’œil à mes débuts au Japon.

Harmony est souvent mise en avant pour ses talents et sa sensibilité, comment avez-vous créé ce personnage ? Et nous sommes aussi curieuses à propos de l’histoire d’amour !

(rire) J’ai une team Lover qui veut savoir où on en est du développement. Concernant Harmony, il me fallait vraiment ce personnage calme et posé, où on a l’impression qu’il maîtrise tout. Et puis finalement on s’aperçoit, sans spoiler, que des fois elle est un peu trop sensible parce que ça l’impacte dans sa progression dans le jeu d’échecs. Et pour moi c’était intéressant de le mettre en avant. Je ne voulais pas que Harmony soit juste la potiche qui serve de prétexte à Tom pour se mettre aux échecs, car même si c’est le pitch de départ, on s’aperçoit vite en lisant Blitz que l’on est au-delà de ça.

Après par contre j’aime beaucoup cette histoire d’amour où “on ne sait pas”, et ça j’adore car ça frustre beaucoup mais positivement le lecteur. Lui il se bouge mais en fait Harmony elle est là, mais elle n’est pas là en même temps. On ne sait pas trop, des fois on a l’impression que ça se rapproche un peu mais en fait non c’est une fausse info, et j’aime bien ce côté là. 

Pourquoi Blitz comme titre ?

Tout simplement car c’est les parties rapides aux échecs. Mais j’ai pris ce titre pour plusieurs raisons. La première car ça montre que les échecs ça peut être cool, fun et rapide et non les parties soporifiques qui durent six heures. Et après d’un point de vue purement business, c’est référencé chez les B. C’est aussi un nom court et percutant. 

Pour les personnes qui n’ont jamais lu Blitz, en un phrase comment les convaincre ? 

C’est le Captain Tsubasa des échecs. 

 

L’équipe de Japan Glossy vous remercie d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions et nous avons hâte de découvrir la suite de Blitz.


Cédric Biscay, entrepreneur français et auteur du manga Blitz.
Réseaux sociaux : Twitter @CedricBiscay / Instagram @cedric_biscay

Blitz – En cours avec 10 volumes
Auteurs : Cédric Biscay – Harumo Sanazaki / Dessinatreur : Daitaro Nishihara
Éditeur : Shibuya Productions / IWA
Réseaux sociaux : Twitter @BlitzManga / Instagram @blitzofficiel/ Facebook @blitz.officiel

Résumé : Tom, jeune collégien, a un coup de cœur pour la belle Harmony. Apprenant que celle-ci se passionne pour les échecs, il décide de s’inscrire au club du collège. Mais il n’en connaît pas les règles ! Il n’a donc pas le choix : il doit tout apprendre et s’entraîner sérieusement.

Très vite, il découvre l’existence de Garry Kasparov, le plus grand joueur de l’Histoire des échecs.
Lors de ses recherches Tom tombe sur une machine de réalité virtuelle qui va lui permettre d’analyser les parties les plus mythiques du maître !

Un événement inattendu va alors ouvrir à Tom les portes du très haut niveau des échecs, et ce malgré lui…


 

 

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