Si je vous parle d’un chat-robot capable de voyager dans le temps ? D’un félin bleu sans oreilles capable de faire sortir de sa poche 4D pleins de gadgets farfelus ? Du meilleur ami d’un petit garçon aussi audacieux que paresseux et maladroit ? Si le nom de Doraemon vous est inconnu, il ne l’est pas pour les japonais de toutes générations !
L’histoire du manga de Doraemon
Notre chat-robot est né le 1er décembre 1969 en simultané dans les pages de plusieurs magazines de Shōgakukan 小学館 (dont Monthly CoroCoro Comic 月刊コロコロコミック, connu pour avoir prépublié des mangas jeunesses tels que Pocket Monster et Yokai Watch). Sous les traits de Fujiko.F.Fujio, il eut droit à une ribambelle d’aventures sur papier pendant 25 ans, condensées dans 45 volumes depuis 1974. Mais Doraemon gagna aussi pleins de prix littéraires dans son pays natal, tels que :
- Prix de l’Association des auteurs de bande dessinée japonais pour excellence en 1973
- Prix Shōgakukan dans la catégorie « manga pour enfants » en 1982
- Prix culturel Osamu Tezuka en 1997
Pour les lecteurs francophones, les éditions Kana ont traduit tous les tomes à partir de 2007. Son 4e volume fit même parti de la « sélection jeunesse 2008 » du Festival International de la bande dessinée d’Angoulême ! Et toujours en 2008, le ministre japonais des affaires étrangères de l’époque Masahiko Tomura nomma Doraemon Ambassadeur de l’animation japonaise (le titre fut remis à son doubleur, alors déguisé en son personnage, lors d’une cérémonie officielle) .
Pour les informations concernant la version audiovisuelle et le résumé de l’intrigue principal, je vous dirige vers l’article concerné.
Ses péripéties principales s’achèveront en août 1994, deux ans avant la mort de son créateur… Ou plutôt de l’un de ses co-créateurs. Aux débuts de Doraemon, Hiroshi Fujimoto travaillait en duo avec Motoo Abiko sous le pseudo commun « Fujiko Fujio ». À leur séparation en 1987, ils continuèrent d’écrire les aventures du chat-robot chacun de leur côté. Chacun signant avec le même pseudonyme mais avec des initiales propres (A pour Abiko, F pour Fujimoto).
Un succès qui ne cesse de grandir
Comment un manga a-t-il pu gagner assez de notoriété pour gagner un titre d’ambassadeur ? Et avoir droit à son propre musée à Kawasaki (la ville où a vécu Fujiko.F. Fujio) depuis le 3 septembre 2011, date d’anniversaire officielle du chat-robot ? Pourquoi Doraemon fut même sélectionné pour représenter Tokyo lors du choix de la ville hôte des JO d’été 2020 ? Penchons-nous sur quelques informations pour nous éclairer à ce sujet :
- Le manga a été diffusé dans 30 pays et a été vendu à plus de 100 millions d’exemplaires
- Des éditions piratées se sont développées en Asie dès les années 70, surtout à Hong-Kong et en Thaïlande. À tel point qu’elles eurent plus de succès que les versions officielles une fois traduites
- La version anime a eu beaucoup plus de succès à l’international que le mangas. En 1993, le manga était vendu dans 8 pays et la série diffusée dans une vingtaine de nations.
- Des éditions anglaises du manga (traduites en japonais) sont utilisées pour apprendre cette langue aux enfants nippons. Comme il en existe expliquant la biologie, l’histoire, la géographie…
- Le musée Fujiko.F. Fujio n’est accessible qu’en réservant à l’avance des billets dans des distributeurs LOPPI chez Lawson. À savoir qu’il n’ouvre l’accès au public qu’à 4 créneaux dans la journée.
- Il a eu droit à une collaboration avec la marque de vêtements de luxe Gucci
Avec toutes ces informations, on ne peut plus nier la popularité internationale du félin bleu.
On pourrait l’expliquer par la présentation d’un futur optimiste, par les chapitres courts du manga, par des scénarios simples et accessibles dès le plus jeune âge, par le niveau de langue enfantin accessible à tous les niveaux, par la silhouette iconique de Doraemon, par les personnages qui évoluent et dans lesquels on peut se reconnaître, par ses gadgets rigolos et enviables…
Intéressons-nous d’avantage à ce personnage ! Par exemple à son nom grouillant de jeux de mots (DORA fait référence à son corps en forme de gong, à son statut de « chat errant », à sa passion pour les dorayaki, et la terminaison EMON à une ancienne habitude japonaise. Ce qui est comique quand on sait qu’il est né en 2112 !). On remarque aussi que son écriture mélange de l’hiragana et du katakana : ドラえもん. Pleins d’autres jeux de mots et de choix loufoques grouillent le manga, renforçant son caractère comique.
Les valeurs de Doraemon
Ainsi le titre d’ambassadeur de l’animation lui fut décerné avec l’intention de promouvoir la culture japonaise à l’échelle mondiale. Sa lettre de mission spécifiant même « Doraemon, à travers la présentation de l’animation japonaise, je vous demande d’œuvrer pour approfondir la connaissance de la culture et de la société japonaise dans le monde, afin qu’augmente le nombre des amis du Japon ». On remarque de suite que le ministre des affaires étrangères avait choisi un terme très fort en sens !
Le Larousse définissant AMI comme tel :
- 1. Personne avec laquelle on est uni par l’amitié
Synonymes : camarade – compagne – compagnon – copain – copine – pote
Contraires : adversaire – antagoniste – ennemi – rival
- 2. Se dit des animaux et des objets familiers, de toutes les choses pour lesquelles on a un attachement sentimental : Nos fidèles amis les livres.
- 3. Membre d’un réseau social auquel un autre membre accorde l’accès à ses données personnelles : Avoir de nombreux amis sur Facebook.
Et si on s’intéresse, toujours avec le Larousse, à la définition de AMITIÉ :
- 1. Sentiment d’affection entre deux personnes ; attachement, sympathie qu’une personne témoigne à une autre : Être lié d’amitié avec quelqu’un.
Synonymes : attachement – camaraderie – familiarité – intimité
Contraires : animosité – antipathie – aversion – haine – hostilité – inimitié
- 2. Bienveillance, gentillesse, courtoisie chaleureuse manifestées dans les relations sociales, privées, mondaines : Dire un mot d’amitié. Fais-nous l’amitié de venir dîner.
- 3. Relations entre collectivités fondées sur le bon voisinage, la bonne entente, la collaboration : Conclure un traité d’amitié.
Conclusion : Un compagnon de vie universel
On retrouve dans les 2 définitions précédentes les termes attachement et sentiments, deux valeurs correspondant bien au chat-robot loyal et très émotif. Il n’est pas un personnage masculin prônant des messages « virils » : cache tes sentiments, ne montre pas tes larmes, bats-toi avec les poings… Au contraire ! Doraemon est un pacifiste qui demande à ce qu’on soit sincère avec lui et avec nos propres ressentis. Il est un confident qui ne reste pas insensible et qui ne remet jamais en question sa fidélité. Qu’importe l’âge et le statut de la personne qui lui demande de l’aide, il intervient sans juger. Certes il a des défauts, parfois il songe à être violent pour sauver un être cher ou il doute de ses actions. Ce qui en fait un personnage imparfait pourvu d’humanité.
Ainsi Doraemon est la parfaite incarnation de l’amitié pure et de l’ami irréprochable.
Il est un message de paix qui parle à un large public. Auquel cas son succès n’aurait jamais dépassé les frontières nippones (et ce avant même que le Japon ne pense à diffuser son manga à l’international !). En rassemblant toutes les informations de l’article, avant même de s’intéresser à son intrigue on est déjà conquis par ce héros au grand cœur.
Cependant notre chat-robot bleu ne s’attaque pas à des adversaires palpables (des méchants robots, des animaux menaçants…) mais à des valeurs nocives : la peur, le doute, l’ignorance, la paresse, la naïveté… Tout ce qui caractérise son camarade Nobita. Le but n’est pas pour autant de gommer tous ces défauts mais de les comprendre. D’où vient sa peur ? Pourquoi est-il paresseux ? Comment lever le doute ? Car ici on décortique des émotions humaines et on admet qu’elles sont nécessaires : Si on a peur de rien on ne va pas fuir les situations très dangereuses ! Ainsi il faut prendre du recul et réfléchir à tête reposée pour mieux cerner celles-ci.
Au final Doraemon ne se contente pas d’être gentil et mignon. Il nous aide à tous les âges à ne pas perdre de vue notre âme d’enfant. Il accompagne la jeunesse japonaise, dans les mangas comme sur les écrans, depuis une cinquantaine d’années ! La passion s’est depuis transmise aux enfants et aux petits-enfants parce qu’on adhère aux valeurs de Fujiko Fujio.
Connaissiez-vous déjà ce personnage attachant ? Votre avis a-t-il changé depuis ?
N’hésitez pas à échanger avec nous en commentaire !
SOURCES Personnage Doraemon
Wikipédia – Nippon.com – Japanese tactics – Slate.fr – Paperblog
SOURCES Musée Doraemon
Japan travel – Fujiko museum – Japan experience – Japan-guide.com – Tofugu – Japan reference